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Entretien avec Maître Pierre Farge. Propos recueillis par Charlotte Hervot pour Ouest france.

Pourquoi avoir créé le collectif Avocat stop féminicide ?

L’idée germait, et tout s’est accéléré lorsque l’une de mes clientes, que j’accompagnais depuis deux ans, s’est suicidée la veille de l’ouverture du Grenelle contre les violences conjugales, à la suite de la pression qu’exerçait son conjoint. Et il se trouve que les femmes suicidées ne sont pas comptabilisées dans les chiffres du féminicide.

Vous plaidez pour l’introduction du féminicide dans notre Code pénal. Pourquoi vouloir en faire un « crime autonome » ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes… 115 femmes mortes, victimes de féminicides en 2019. Comment ne pas en tenir compte dans ce code, censé représenter les intérêts de son temps ?
Plutôt que d’essayer de conjuguer le crime d’homicide avec certaines circonstances aggravantes comme cela se fait aujourd’hui, je pense qu’on gagnerait en clarté, sans obéir à aucun effet de mode, en introduisant ce terme. Encore faut-il le définir…

Que propose votre collectif ?

Nos 30 à 50 avocates et avocats accompagnent bénévolement les femmes victimes de violences à qui nous délivrons des conseils juridiques.

Une des premières choses qu’on leur demande, c’est l’existence d’une plainte, d’une procédure judiciaire en cours et à défaut, si elles ont des preuves (textos, e-mails, enregistrements…) de ce qu’elles avancent. Sans cela, la procédure peut difficilement déboucher sur une mesure utile, dans leur intérêt de la part d’un juge.
Ensuite, on les réoriente vers des avocats du collectif au plus proche de chez elles.
On fait aussi du lobbying auprès des pouvoirs publics.

Que demandez-vous aux pouvoirs publics?

Ce qu’on veut en priorité, c’est raccourcir les délais procéduraux concernant par exemple les ordonnances d’éloignement.
Une femme en détresse ne peut pas attendre trois à six mois qu’un magistrat statue, surtout lorsqu’elle n’a d’autre choix que de rester au domicile conjugal.
Il faut donc réduire ces délais à quelques jours, maximum quinze. Sinon, cela rend les dispositifs de protection inefficaces.
Si cela est possible en Espagne, je ne vois pas pourquoi on ne réussirait pas à compresser ces délais ici. C’est vraiment une question de volonté politique.

Pierre Farge pour le collectif Avocat Stop Féminicide
www.avocat-stop-feminicide.org
Tél. 01 45 24 54 73

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