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Actualités Farge Associés

Actualités du Cabinet et de Pierre Farge, avocat associé fondateur :
lanceurs d’alerte, droit fiscal, droit pénal, pro-bono, culture…

Pierre Farge interviewé par Who’s Who : Défendre, conseiller, anticiper

Pierre Farge interviewé par Who’s Who : Défendre, conseiller, anticiper

Who’s Who Rencontre : Interview vidéo de Maître Pierre Farge par Who’s Who in France.

Pierre Farge, vous êtes avocat, vous avez eu une activité de mannequin étant plus jeune. Comment avez-vous bifurqué vers l’avocature ?

Je n’ai pas vraiment bifurqué. Mon métier d’avocat, c’est une vocation et une profession. Le métier de mannequin, ça n’a jamais vraiment été un métier pour moi. C’était plutôt une histoire de rencontre, d’amitié qui me permettait de gagner de l’argent. C’était une facilité.

En revanche, le métier d’avocat, c’est à l’issue d’études de droit assez classiques, un programme bilingue, puis après une école de commerce et là encore des rencontres, des stages, des rencontres déterminants avec certains grands professeurs à l’université et des stages qui ont confirmé cette vocation et mon intérêt pour le droit pénal des affaires.

Quel professeur à l’université vous a marqué particulièrement ?

Ah ben j’ai le souvenir par exemple de Guy Carcassonne, qui était un professeur de droit constitutionnel. Une matière qui peut paraître abrupte, assez dure et difficilement lisible mais qui savait la rendre tellement accessible par son humanité et son intelligence. J’ai eu la chance de le connaître plus personnellement tout au long de mes études et après, quand j’exerçais comme avocat.

Il y a 10 ans, vous fondez votre propre cabinet. Quelle était votre stratégie de développement ? Est-ce que vous aviez une vision de long terme ?

Aucune stratégie de développement. J’ai écouté mon intuition et surtout un besoin très profond de liberté. J’avais travaillé pour des grands cabinets et j’en avais assez de recevoir des ordres et d’être un petit soldat. J’avais besoin d’exister par moi-même.

C’était un saut dans le vide. je n’avais aucune stratégie. Je vivais au jour le jour, en fonction des clients qui voulaient bien me faire confiance. Cela fait aujourd’hui une dizaine d’années et le bouche à oreilles a fonctionné. Les clients nous font confiance et nous renouvellent leur confiance d’année en année.

Et pourquoi la matière pénale finalement, qui a quand même une certaine spécificité ?

Au départ c’est la seule expertise que j’avais, donc avec le bouche à oreilles, j’ai réussi à me faire connaître comme cela.

Vous avez fait paraître un ouvrage très marquant, intitulé « Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur ». Pouvez-vous nous rappeler ce que c’est justement un lanceur d’alerte ?

Oui, absolument. Ce livre, que j’ai écrit pendant le confinement et qui est paru aux éditions Jean-Claude Lattès, est un succès de librairie.

Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur – paru aux éditions J.C.Lattès

J’ai essayé de rendre accessible au plus grand nombre cette question des lanceurs d’alerte qu’on voyait émerger dans l’opinion, d’abord aux États-Unis, plus timidement en France, avec Edward Snowen, Julien Assange…
La législation en France est beaucoup plus récente puisque la première loi qui les définit et les défend d’une certaine façon date de 2018, c’est la loi Sapin 2.

Pourquoi cet engagement ?

Et bien simplement, c’est encore une fois le hasard des rencontres et des dossiers. Un client est venu me demander conseil et j’ai réalisé qu’il disposait d’informations de premier ordre concernant l’intérêt général et qu’il était de son intérêt et de l’intérêt général de les révéler dans le cadre d’une plainte.

La définition du lanceur d’alerte depuis 2018 est très claire, elle tient en trois points : c’est agir dans l’intérêt général. de bonne foi et de façon désintéressée.

Vous êtes un avocat engagé, on pourrait dire. Vous défendez des causes qui vous sont chères comme par exemple celle des réfugiés. Pensez-vous que leur sort n’est pas suffisamment pris en compte dans un pays comme la France ?

Alors, je pense que avocat et engagé, c’est un pléonasme et c’est aussi pour cela que j’ai prêté serment et au fil de mes années d’exercice, il m’arrive de prendre part pour des causes assez diverses.

Vous avez parlé des lanceurs d’alerte. Il y a aussi eu les femmes victimes de violences conjugales, les réfugiés en 2015-16…

C’est vraiment au gré des rencontres et des sujets dans l’opinion qui me touchent et où je décide de prendre part de façon plus ou moins importante, avec le temps que me permettent mes autres dossiers.

Le drame migratoire effectivement m’a beaucoup affecté en 2015. C’est pour cela que je suis allé dans la jungle de Calais. J’avais publié quelques articles, dénoncé la zone de non droit en plein cœur de la France et j’avais essayé à mon niveau de faire bouger les choses au niveau de l’opinion, mais aussi judiciairement en accompagnant un certain nombre de familles, de mineurs en danger, en regroupant des familles isolées.

Pierre Farge, vous êtes aussi engagé dans la défense des victimes de féminicides. Quelle est l’ampleur de ce phénomène terrible dont on parle de plus en plus ?

Depuis le Grenelle des violences conjugales Les pouvoirs publics ont pris connaissance et l’opinion prend connaissance du fléau que cela représente. Donc des mesures sont prises, des réformes judiciaires sont intervenues, des délais d’audiencement ont raccourci devant les juges aux affaires familiales, mais cela reste très long et il reste encore beaucoup à faire puisque les féminicides – maintenant on les dénombre – demeurent toujours trop nombreux.

Vous traitez également des dossiers liés aux problématiques de corruption, dans un contexte où la France a récemment dégringolé à la 25e place du classement de transparence internationale : quel est votre sentiment sur le sujet ?

Mon sentiment, c’est que ces classements sont assez subjectifs et que la France ait dégringolée ou pas, la corruption est un combat de tous les instants, contre laquelle il faut lutter tous individuellement. On a notre rôle à jouer individuellement. J’essaie de le jouer comme je peux en ma qualité d’avocat, mais aussi de citoyen.

Le métier d’avocat n’est pas facile. Beaucoup de jeunes avocats et notamment de jeunes avocates abandonnent la robe après quelques années. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre cas ?

D’abord, j’ai beaucoup de chance. Mon métier me plaît. Mon cabinet fonctionne depuis une dizaine d’années. Je pense que c’est beaucoup une question de personnalité, ce métier, donc d’indépendance, de liberté.

Après, il est vrai que le nombre d’avocats a doublé en 20 ans. Il y a une paupérisation très importante de la profession. Je pense que, pour éviter les défections de ceux qui « raccrochent la robe », la sélection pourrait se faire plutôt à l’université ou avant l’entrée à l’école des avocats au concours, pour éviter de perdre autant d’années. Ils pourraient peut-être faire plus d’expériences – je reçois tous les ans de nombreux stagiaires à mon cabinet – afin d’apprécier dans le cadre d’expériences professionnelles si c’est ou non une vocation.

Je pense que c’est un métier passion, un métier de vocation où l’on peut trouver sa place, se réaliser, s’épanouir, mais c’est aussi très difficile et si on ne l’exerce pas pleinement, cela peut aussi être compliqué de s’épanouir dedans.

Vous êtes attaché à votre indépendance et vous préférez avoir donc votre propre structure que de dépendre d’un gros cabinet. Est-ce que cela vous donne plus de liberté dans le choix des dossiers au quotidien ?

Évidemment, c’est ce qui fait notre force, notre indépendance, notre liberté.

C’est vrai que dans les gros cabinets, il y a des conflits d’intérêt notamment en matière de lanceurs d’alerte, avec des pouvoirs politiques, des pouvoirs médiatiques, des pouvoirs économiques qui sont impliqués.

Le fait de nous saisir en général rassure les lanceurs d’alerte.

Notre monde connaît des bouleversements importants au niveau international mais également sur le plan intérieur. Pensez-vous que l’état de droit pourrait être menacé dans un pays comme la France ?

L’état de droit, c’est une notion qui est très vague. C’est une idée comme la justice et je reviendrai volontiers en débattre, mais c’est un sujet à part entière.

L’état de droit, cela me fait penser à ce mot, de ne je sais plus qui, un auteur ou un philosophe, qui avait dit « la France des droits de l’homme » et qui avait été corrigé par quelqu’un dans la salle qui avait dit : « La France, l’auteur de la déclaration des droits de l’homme. »

Donc je pense qu’il faut bien distinguer ces notions et ces mots. Pour moi, l’état de droit, cela veut tout et rien dire. C’est ce qu’on en fait individuellement. C’est ce que les pouvoirs publics en font et c’est comment les pouvoirs publics respectent l’état de droit et le citoyen respecte l’état de droit.

Je pensais par exemple récemment à tout ce qui concerne les questions autour de l’indépendance de la justice, du fait que cette indépendance pouvait être critiquée, voire mise à mal par certains – « le gouvernement judiciaire » – Certains partis politiques ont considéré que finalement les juges n’auraient pas forcément leur mot à dire…

C’est clair, mais dans un état de droit, justement, c’est plutôt heureux que les juges aient leurs mots à dire, que la justice soit indépendante. Mais qu’on le veuille ou non, on assiste clairement à un pouvoir de plus en plus important de l’autorité judiciaire.

On le voit dans l’affaire libyenne de monsieur Sarkozy, on le voit dans l’affaire du financement du parti politique de Madame Le Pen. Je suis assez scandalisé qu’une autorité judiciaire puisse interdire à une personnalité politique de se représenter. Je crois très fermement en la présomption d’innocence et je pense que ce pouvoir de se représenter ou de ne pas se représenter doit appartenir au peuple, au suffrage universel.

Mais vous ne pensez pas que c’est l’application de la loi ?

Pour l’application de la loi, il est vrai que les parlementaires ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis, en permettant cette inéligibilité voilà quelques années et l’exécution provisoire d’une décision de justice. On peut tordre le droit.

Maintenant, que ce soit dans ces deux dossiers que je vous ai cité, le procureur – puisqu’on en est qu’à ce stade, on n’a pas de délibéré dans l’affaire de monsieur Sarkozy – n’était absolument pas obligé de requérir si fermement. Quant au jugement de première instance qui a été prononcé contre Madame Le Pen, il n’était absolument pas obligé d’ordonner cette exécution provisoire de l’inéligibilité.

Pierre Farge, vous défendez des causes fortes. Êtes-vous un homme politique qui s’ignore ?

Je ne fais pas de politique. J’essaie de ne pas en faire. Je pense qu’un avocat – et ceux qui m’ont inspiré ce métier ont toujours défendu cette ligne – doit pouvoir défendre des causes de toutes les colorations politiques imaginables, de gauche comme de droite. J’essaie de ne pas politiser les causes que je défends.

Justement, c’est cela qui est intéressant finalement votre vision du métier d’avocat, c’est quelqu’un qui est engagé mais qui ne défend pas une idée, mais des clients…

Ce sont des causes plus que des clients. Les clients vivent leur drame, on les défend. C’est une idée de la justice que je défends.

Est-ce que vous pourriez défendre une personne qui a des convictions diamétralement opposées aux vôtres ?

C’est un exercice intellectuel. En général, il y a beaucoup de clients dont je découvre les idées, à postériori, ils me saisissent pour un problème de droit parce qu’ils sont poursuivis ou parce qu’ils souhaitent poursuivre. Et c’est après, en faisant connaissance, que je découvre leurs idées et cela ne change absolument pas le traitement de leur dossier. et c’est sans importance pour le débat judiciaire et juridique.

Who’s Who in France : Pierre Farge, le flegme du barreau

Who’s Who in France : Pierre Farge, le flegme du barreau

Portrait de Maître Pierre Farge par Tom Connan pour Who’s Who en France. 

Le jeune avocat s’est fait connaître en mettant sur la table le sujet de la protection des lanceurs d’alerte. Spécialisé en droit pénal des affaires, il milite également pour une meilleure prise en charge des féminicides.

Son style élégant mais décontracté ne laisserait pas immédiatement supposer qu’il pratique le droit au plus haut niveau. Mais l’habit ne fait pas le moine – ni l’avocat –, et Pierre Farge passe aujourd’hui davantage de temps dans les prétoires que devant les objectifs des photographes, même s’il nous confie avoir été mannequin, lorsqu’il était plus jeune. Qu’importe : ce qui anime le pénaliste relève désormais du combat juridique dans ce qu’il a de plus exigeant.

Car après avoir fondé son cabinet en 2014, Farge a voulu défendre des causes qui lui sont chères, que l’on range parfois dans la catégorie de la délinquance en col blanc. La vie des affaires, l’avocat parisien la connaît, et la pratique au quotidien. Mais c’est quelques années plus tard, en 2021, qu’un sujet plus singulier encore va attirer l’attention du grand public.

Défenseur des lanceurs d’alerte

Avec son livre Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur publié chez Lattès, Farge se positionne à l’avant-garde d’un combat contemporain : celui de la protection des lanceurs d’alerte. Il déplore alors un vide juridique, en droit français, et depuis, il milite constamment pour renforcer les droits de ces justiciers de l’ombre qui, le plus souvent, œuvrent dans l’intérêt général, en risquant parfois gros, sur le plan personnel ou professionnel.

Farge a ainsi créé en 2019 Amala, l’Association mondiale des avocats de lanceurs d’alerte, pour accompagner ceux qui, comme Erin Brockovich dans les années 1990, décident d’adresser un signal d’alarme sur un sujet dont ils ont connaissance et qui présente un risque ou un danger particulier. Et comme le précise l’avocat, dans son livre, la spécificité du lanceur d’alerte, par rapport au délateur, c’est qu’il agit dans l’intérêt général et de manière désintéressée.

Le fléau des féminicides

Mais le spectre du droit pénal est large et Farge met son expertise, et son talent, au service d’autres combats tout aussi fondamentaux, comme la défense des victimes de féminicides. Il est à l’origine d’Avocat stop féminicide, un collectif d’avocats qui conseillent et accompagnent les victimes de violences, dans un contexte où environ 50 000 femmes dans le monde ont été tuées par un proche (partenaire ou membre de leur famille), en 2023 – soit une personne toutes les dix minutes.

Expert en contentieux complexes, celui qui a commencé sa carrière auprès du pénaliste Olivier Metzner puis à la direction fiscale de l’OCDE est également attaché aux libertés publiques, en assurant notamment la défense des étrangers et des réfugiés. Car entre l’avocature et l’engagement personnel, il n’y a souvent qu’un pas.

Publié sur le site de  Who’s Who en France. le 14 janvier 2025.

Maltraitance en EHPAD : appel à témoins et plaintes contre le groupe Emera

Maltraitance en EHPAD : appel à témoins et plaintes contre le groupe Emera

Le grand âge est un sujet qui nous concerne tous. 

Depuis le scandale ORPEA, les révélations se multiplient contre le Groupe EMERA. Mais combien en faudra-t-il pour que les abus cessent? 

En lançant un appel à témoin aux familles de victimes, aux aides-soignants las de leurs conditions de travail, et aux responsables d’EHPAD partout en France refusant de cautionner ces pratiques, le cabinet espère un sursaut des pouvoirs publics. 

De la justice pour condamner, du législateur pour réformer, et de l’opinion pour alerter. 

La loi Bien Vieillir sera votée le 22 novembre 2023, et ne doit pas manquer d’ambition. 


Deux ans après Orpéa, le scandale des EPHAD continue

Nouveau scandale en EHPAD du Groupe Emera. Le combat continue pour un traitement digne de la dépendance.

Ci-après quelques interventions de Maître Pierre Farge dans la presse, radio et télé depuis le 24 octobre 2023, articles plus récents en tête : FRANCE 3 – BFMTV – RTS Radio Télévision Suisse – Journal International de Médecine – CNews – RTL – L’Humanité, – BFM TV – France Bleu – Le Figaro – Le Monde – Marianne.

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Enquête de la Radio Télévision Suisse (RTS) – 16 juin 2024

Un EMS (Ehpad) du groupe EMERA mis en cause en Suisse

Dans l’émission Mise au Point : « EMS de luxe : l’envers du décor », l’EMS de La Gracieuse (Ehpad) du groupe EMERA est mis en cause en Suisse.

Les EMS (Etablissements Médico-Sociaux) sont des résidence grand âge en Suisse (équivalent des hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en France.

Voir le reportage RTS, au milieu duquel intervient Maître Pierre Farge à propos des plaintes déposées contre le groupe EMERA en France :

« On en fait des cauchemars »: l’EMS des grandes familles romandes accusé de maltraitance

Résidents retrouvés dans leurs excréments ou à même le sol, déshydration, sous-effectif… Des familles et du personnel de l’EMS de la Gracieuse (VD), propriété du groupe français EMERA, accusent l’établissement de maltraitance. Dans une enquête de l’émission Mise au Point, ils dénoncent une course aux profits désastreuse. L’institution conteste et affirme répondre de manière harmonieuse aux besoins des résidents.

(…)

Des familles et du personnel ayant travaillé dans l’EMS affirment avoir été témoins de graves dysfonctionnements en matière de management et de prise en charge des résidents.

(…)

Le Domaine de la Gracieuse appartient au groupe EMERA, une multinationale du grand âge, qui exploite plus d’une centaine d’établissements en France, en Espagne, en Irlande, au Luxembourg et en Suisse romande, où il possède deux EMS. Le fondateur du groupe Claude Cheton a accumulé une fortune estimée à plus de 320 millions de francs.

En France, selon les recherches de Mise au Point, une douzaine de plaintes pénales ont été déposées contre le groupe EMERA pour mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger ou maltraitance. L’avocat de plusieurs familles, Pierre Farge, explique: « Faute de personnel de soins, il y a des résidents qui ne sortent plus de leurs chambres. On constate une dégradation exponentielle du résident dès son entrée dans une maison de retraite EMERA« .

Selon l’avocat, qui appelle d’autres familles à se manifester, cette maltraitance est systémique. « C’est nécessairement systémique dans la mesure où ce sont des groupes qui sont financiarisés, avec une logique de rentabilité« . Depuis 2019, deux fonds d’investissements sont entrés au capital du groupe.

Lire l’article mis à jour sur le site de RTS 

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Dossier Marianne – 7 Décembre 2023

Révélations Ehpad Emera : La Stratégie du Baillon

Après le dépôt de plus d’une douzaine de plaintes de familles de résidents visant des établissements Emera, d’anciens cadres et soignants révèlent à “Marianne” des pressions institutionnalisées. Le but ? Faire taire, disent-ils, ceux qui ont osé alerter le siège du groupe sur les dérives et les dysfonctionnements dont des résidents ont eu à souffrir.

(…)

Me Pierre Farge, lui, centralise 12 des plaintes déposées contre Emera, dont
celle d’Alice Béranger, la première à avoir saisi la justice, en octobre, pour
les mauvais traitements subis par sa grand-mère dans un établissement
du groupe à Gradignan.

« Depuis, j’ai été contacté par huit soignants et directeurs d’établissement qui se rendent disponibles pour témoigner et se constituer dans des procédures sur l’institutionnalisation de la maltraitance dans ces établissements », affirme l’avocat.

Contre les dérives du groupe, salariés et familles de résidents ont décidé de donner de la voix.

Télécharger l’article paru en kiosque (pdf)

Licenciements, coups de pression : comment Emera a voulu enterrer les alertes sur les dérives dans ses Ehpad

Lire l’article mis à jour sur le site de Marianne (édition abonnés). 

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Article Le Monde – 28 novembre 2023

Le groupe d’Ehpad Emera dans la tourmente judiciaire, deux ans après le scandale Orpea

Extraits

Cinq plaintes ont été déposées contre plusieurs établissements Emera, où personnels et familles dénoncent des maltraitances résultant d’une course aux profits à tout prix.

(…)

Le 3 octobre (2023), Alice Béranger porte plainte pour les mauvais traitements subis, selon elle, par sa grand-mère, pensionnaire de l’Ehpad Douceur de France, à Gradignan (Gironde), également géré par le groupe Emera. Depuis, « une dizaine de plaintes » se sont succédé contre des établissements du groupe en France, assure Me Farge, conseil de plusieurs familles plaignantes.

Familles, mais aussi personnels et même directeurs d’établissement sont nombreux à dénoncer au sein du groupe Emera une dérive, résultant d’une course aux profits à tout prix, qui rappelle un précédent. « Deux ans après le scandale Orpea, rien n’a changé », s’indigne Me Farge, qui s’étonne également du manque de réaction tant de l’opinion que des élus.

(…)

Longtemps familial, le groupe, lancé en 1987 par Claude Cheton (…), affiche un confortable taux de croissance, qui a attiré les fonds d’investissement Ardian et Naxicap, entrés au capital en 2019. M. Cheton s’est mis en retrait, remplacé par Eric Baugas, un ancien de HEC passé par la banque d’affaires, qui s’est, durant les derniers mois, entouré notamment d’anciens cadres du groupe Orpea. « Pas de mystère », ironise Me Farge, à ce que 2019 soit aussi l’année où, selon de nombreux témoignages de familles, de soignants ou de directeurs d’établissements, les choses ont commencé à se gâter.

Télécharger l’article paru en pdf  /  Lire l’article mis à jour sur le site du Monde (édition abonnés). 

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Article Le Figaro – 22 novembre 2023

Gironde : accusé de maltraitance, un Ehpad visé par une enquête

Une enquête visant un Ehpad de Gradignan (Gironde) a été ouverte pour «violences habituelles sur personne vulnérable», a-t-on appris mercredi 22 novembre auprès du parquet de Bordeaux, après une plainte déposée contre le groupe Emera, qui dément ces accusations et parle de «désinformation». «Les auditions du personnel et des plaignants sont en cours», a précisé le parquet à l’AFP, confirmant des informations de plusieurs médias dont France Bleu.

(…)

Selon l’avocat de la plaignante, petite-fille d’une résidente âgée de 96 ans, cette dernière a fait l’objet de «maltraitance» au sein de l’établissement «Douceur de France», un Ehpad géré par le groupe Emera à Gradignan, dans la banlieue de Bordeaux. Maître Pierre Farge a décrit à l’AFP une situation «effroyable» et évoqué une autre famille désireuse de porter plainte.

(…)

Selon Maître Farge, qui fustige des pratiques répandues et «institutionnelles», «cinq ou six» résidences pour personnes âgées d’Emera font l’objet de plaintes pénales ou de signalements à l’ARS un peu partout en France, notamment en Île-de-France.

Lire l’article du Figaro 

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Reportage France Bleu – 21 novembre 2023

Soupçons de maltraitances : un Ehpad du groupe privé Emera visé par plusieurs plaintes en Gironde

L’Ehpad « Douceur de France » de Gradignan (Gironde) est visé par plusieurs plaintes de familles de résidents. Une pensionnaire et ses proches témoignent « de mauvais traitements ». Propriétaire de la maison de retraites, le groupe privé Emera dément fermement toutes les accusations de maltraitance.

(…)

L’avocat d’une plaignante dénonce « une subornation de témoins »

« Je ne vois pas de situation de maltraitance, bien au contraire, déclare à France Bleu Gironde Catherine*, la fille d’une pensionnaire de l’Ehpad Douceur de France. Et j’ai même posé la question à ma mère qui a plus de 95 ans, elle m’a répondu – ça ne va pas ou quoi? Offusquée que je lui en parle. Alors il peut y avoir des dysfonctionnements, mais globalement non, pour moi il n’y a pas de maltraitance. »

Représentant de plusieurs familles de résidents du groupe Emera, l’avocat Pierre Farge ne croit pas à ces témoignages de familles de pensionnaires défendant l’Ehpad de Gradignan. « Pour moi, c’est de la subornation de témoin. C’est-à-dire qu’on vient acheter des familles résidentes, on s’engage à annuler des factures ou à vous offrir des repas pour qu’elles témoignent en faveur du groupe« , affirme l’avocat inscrit au barreau de Paris. Selon Me Farge, « des dizaines de plaintes ont été déposées en France contre le groupe Emera et un nombre considérable de signalements ont été effectués auprès des Agences régionales de santé. »

Lire le reportage de France Bleu 

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Reportage BFM TV – 14 novembre 2023

Patients qui s’échappent, personnel mal formé… le Groupe Emera visé par une quinzaine de plaintes

Après Orpea, le groupe Emera se retrouve dans l’oeil du cyclone après que des familles ont dénoncé des graves manquements et dysfonctionnements dans plusieurs de ses établissements.

(…)

Auprès de BFMTV, Me Pierre Farge, avocat d’une quinzaine de familles plaignantes, déplore le manque de réaction des autorités alors que se multiplient les scandales. « Depuis le livre de Victor Castanet et le scandale Orpea, qu’est-ce qui a été fait très concrètement? Combien de scandales Orpea, combien de scandales Emera faudra-t-il pour que des sanctions soient réellement prises ?« , accuse-t-il.

À partir du 20 novembre, le projet de loi sur le grand âge, surnommé « bien vieillir », va être débattu à l’Assemblée nationale. L’idée de cette proposition de loi, portée par la ministre aux Solidarités Aurore Bergé, est de « répondre aux défis du vieillissement. »

Article BFM TV 

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Article L’Humanité – 9 novembre 2023

Chez Emera, les familles entrent en résistance

DÉPENDANCE Après l’explosion médiatique de cas de maltraitance signalés dans des Ehpad du groupe, de nombreux proches de résidents veulent témoigner. Une quinzaine de plaintes sont en cours.

« Je me suis montrée pour aider les autres. Je ne regrette rien. » Depuis la parution de l’article de l’Humanité ,
le 18 octobre, où Alice Béranger est sortie de l’ombre pour dénoncer les conditions d’accueil fortement dégradées
de sa grand-mère dans un Ehpad du groupe Emera, son téléphone n’arrête pas de sonner. « Je reçois 40 à 50 coups de fil par jour. Des journalistes. Mais, surtout, des familles en souffrance et des soignants qui me livrent leurs témoignages. »

Après avoir raconté pourquoi elle avait porté plainte « pour violences habituelles contre une personne vulnérable », notamment à cause de la dénutrition sévère dont aurait souffert son aïeule, son récit fait boule de neige. Mais le retour de bâton n’a pas tardé.

Dans la presse, la directrice de la structure Douceur de France, basée à Gradignan, à côté de Bordeaux, l’a accusée de tenir des propos diffamatoires. « C’était assez violent, soupire-t-elle. Je songe à demander le statut de lanceuse d’alerte. Les autres familles et moi voulons juste que le boulot soit bien fait pour nos proches, avec un soupçon de bienveillance, si possible », explique-t-elle.

(…)

De son côté, Me Pierre Farge, l’avocat d’Alice Béranger, pointe des méthodes douteuses : « Ma cliente a ensuite reçu un courrier pour lui annoncer que le médecin référent ne pouvait pas s’occuper de sa grand-mère de 96 ans. Ça va très loin. ». Depuis l’explosion médiatique des accusations de maltraitance au sein de la société comptant une centaine de structures dans le pays, lui aussi reçoit des appels quotidiens et a déjà recensé plus d’une quinzaine de dépôts de plainte.

(…)

Alors que la loi sur le bien-vieillir va être présentée à l’Assemblée nationale, le 20 novembre, pour Me Farge, il
est temps que les lignes bougent : « Il faut arrêter de multiplier les textes qui ne servent à rien, déplore-t-il. Sa rapportrice, la députée Anne Vidal (Renaissance), est une VRP des Ehpad ! Ce n’est pas non plus le recrutement de 50 000 infirmiers et aides-soignants annoncé par Emmanuel Macron qui va changer les choses. Combien faudra-t-il de plaintes pour obtenir une réforme digne de ce nom ? »

« Rien ne va dans ce système » : une quinzaine de plaintes déposées contre Emera, accusé de maltraitances dans ses Ehpad

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Reportage RTL – 30 octobre 2023

Scandale dans les Ehpad : après Orpea, des cas de maltraitances signalés dans des Ehpad du groupe Emera

Cet été, dans la presse, la ministre des Solidarités Aurore Bergé indiquait que le nombre de contrôles était passé « en moyenne, d’un tous les 20 ans avant l’affaire Orpea à un tous les deux ans aujourd’hui. » L’agence régionale de santé d’Ile-de-France, a indiqué à RTL que l’établissement de La Garenne-Colombes avait été contrôlé fin 2021.

Malgré cela, les signalements de maltraitances continuent. Me Pierre Farge est avocat au barreau de Paris. Il représente une famille qui a déposé plainte contre le groupe Emera, début octobre. « Depuis que mon cabinet a été saisi, des appels arrivent tous les jours. Tous témoignent à peu près de la même chose : non-assistance de personne en danger, maltraitance, mise en danger de la vie d’autrui. »

Selon l’avocat, des dizaines de plaintes ont été déposées. Contacté par RTL, le groupe Emera dément toutes ces accusations et parle de « dénonciations calomnieuses ».

Ecouter l’émission RTL : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/scandale-dans-les-ehpad-apres-orpea-des-cas-de-maltraitances-signales-dans-des-ehpad-du-groupe-emera-7900314552

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Reportage CNews – 29 octobre 2023

Maltraitance dans les ehpad : une plainte déposée en gironde

Pierre Farge à Cnews pour dénoncer les maltraitances dans les EPHAD

Le groupe privé Emera se retrouve dans le viseur de la justice. En Gironde, une plainte pour maltraitances a été déposée à l’encontre d’un des Ehpad du groupe à Gradignan. Une nouvelle affaire, près de deux ans après le scandale Orpéa.

Selon l’avocat des proches de cette résidente, Me Pierre Farge, les cas de maltraitance sont nombreux. Il cite «des erreurs de médicaments, des chutes, des patients qui sont enfermés 48 heures dans le noir, une absence d’hydratation» ou encore «une dénutrition avancée».

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Article Journal International de Médecine – 27 octobre 2023

Les assiettes des résidents d’Ehpad dans le collimateur

Le manque de qualité des repas délivrés aux résidents n’est malheureusement pas la seule difficulté que rencontre en ce moment les Ehpad. Les établissements pour personnes âgés, notamment privés, semblent en effet accumuler les problèmes et s’enfoncer dans la crise.

Depuis le 3 octobre, le groupe Emera, qui gère 47 établissements en France, fait ainsi l’objet d’une plainte pour maltraitance, émanant de la fille de l’une de ses résidentes. Depuis le dépôt de cette plainte, de nombreux témoignages font état de mauvaises pratiques dans les établissements de ce groupe. « C’est des médicaments qui ne sont pas délivrés aux bonnes personnes, pas délivrés dans les délais, c’est des plaies, c’est des chutes » indique Maître Pierre Farge, avocat de la plaignante.

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Reportage BFM TV – 26 octobre 2023

EHPAD : le groupe Emera dans la tourmente

Pierre Farge à BFM TV - EPHAD le Groupe Emera dans la tourmente

Près de deux ans après le scandale Orpea, plusieurs plaintes ont été déposées pour maltraitances, dont une plainte contre une maison de retraite à Gradignan, près de Bordeaux gérée par le groupe privé Emera. La petite fille d’une femme de 96 ans accuse ce groupe de violences habituelles sur personnes vulnérables.

Pierre Farge, avocat de la plaignante, s’exprime sur BFM TV :

Sur le volet des maltraitances reprochées à certains Ehpad, un établissement du groupe Emera a été visé par une plainte déposée le 3 octobre pour violences volontaires sur personne vulnérable et défaut de soin.

Depuis, l’avocat Pierre Farge, qui défend la plaignante, a reçu une dizaine d’autres mandats et de témoignages. « C’est des médicaments qui ne sont pas délivrés aux bonnes personnes, pas délivrés dans les délais, c’est des plaies, c’est des chutes« , liste-t-il.

Lire l’article sur BFM : https://www.bfmtv.com/societe/repas-mediocres-maltraitance-deux-ans-apres-orpea-les-ehpad-a-nouveau-dans-la-tourmente_AV-202310260529.html

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Reportage France 3 – 24 octobre 2023

Maltraitance dans les Ehpad. Une nouvelle plainte déposée en Gironde : « il y a des similitudes avec le scandale Orpea »

L'avocat Pierre Farge représente Alice B. qui a déposé plainte contre un Ehpad de Gironde pour maltraitances contre sa grand-mère. "Depuis les investigations de Victor Castanet sur le groupe Orpea ont été publiées, on a l'impression que rien n'a été corrigé". • © Capture zoom / France 3 Aquitaine

L’avocat Pierre Farge représente Alice B. qui a déposé plainte contre un Ehpad de Gironde pour maltraitances contre sa grand-mère. « Depuis les investigations de Victor Castanet sur le groupe Orpea ont été publiées, on a l’impression que rien n’a été corrigé ». • © Capture zoom / France 3 Aquitaine

Près de deux ans après le scandale Orpea, plusieurs plaintes ont été déposées pour maltraitances, dont une plainte contre une maison de retraite à Gradignan, près de Bordeaux gérée par le groupe privé Emera. Une jeune femme accuse l’établissement de mauvais traitements sur sa grand-mère, âgée de 96 ans. Maître Pierre Farge assure sa défense et s’exprime au micro de France 3.

Pour Maître Pierre Farge, avocat au barreau de Paris, qui défend la Girondine, l’histoire se répète. Il estime que l’alerte de sa cliente a révélé qu’il y a des plaintes partout en France, et pas qu’à Gradignan et Bordeaux.

Des plaintes contre Emera partout en France

« L’intérêt de cette plainte et de cette alerte, c’est qu’on apprend tous les jours qu’il y a des dizaines de plaintes dans la France entière. Ce sont des victimes et des familles de victimes qui se manifestent, ce sont d’anciens dirigeants du groupe qui décident de témoigner.
La question que je me pose, c’est depuis le scandale Orpea, comment se fait-il qu’il y ait un nouveau scandale comparable aujourd’hui ? Comment rien n’a été fait depuis les investigations de Victor Castanet ? (auteur de « Les fossoyeurs », une enquête sur le groupe Orpea).

Similitudes avec Orpea

 Il y a des similitudes avec le scandale Orpea qui sont désarmantes. Vous avez un groupe qui est financiarisé, qui est coté en Bourse, un dirigeant qui a fait fortune, et vous avez des dizaines de plaintes de familles de victimes. Vous avez un groupe qui profite du fonctionnement des ARS (Agences régionales de santé) et qui touche des subventions. Comment peut-il bénéficier d’autant de subventions alors que le coût journalier d’alimentation pour un résident est ramené à 4,5 euros ? C’est ça qui est honteux. »

Retards sur la loi sur le grand âge
Autre regret de l’avocat, c’est le retard pris par le gouvernement pour traiter en profondeur les problèmes dans les maisons de retraite et les Ehpad. « En attendant, ce sont les victimes qui souffrent ».
Plusieurs fois retardé, le projet de loi « bien vieillir » sur le grand âge, porté par la majorité, doit être présenté à l’Assemblée nationale fin novembre 2023.

Le parquet de Bordeaux a confirmé à France 3 Aquitaine « qu’une enquête est ouverte suite à la plainte d’un enfant d’une résidente. Les investigations sont en cours. L’audition des responsables de l’établissement doit intervenir très prochaine »,

Le livre de Pierre Farge chroniqué par le Podcast Les Pionniers du Droit

Le livre de Pierre Farge chroniqué par le Podcast Les Pionniers du Droit

Le livre de Maître Pierre Farge « Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur » a fait l’objet d’une chronique détaillée dans le Podcast « Les Pionniers du Droit » le 29 mars 2021.

Les Pionniers du Droit est un Podcast proposé par Xavier Cattegno, avec des recommandations de lectures de livres en lien avec le monde du droit et ses acteurs, à destination des étudiants en droit et des juristes.

Ecouter l’épisode :

Lire le transcript :

(Xavier Cattegno au micro)

Bienvenue dans le podcast des Pionniers du droit. (…) La semaine dernière, j’ai interviewé un avocat sur Clubhouse et j’ai trouvé que c’était en fait très  intéressant et que ça valait la peine de faire un épisode sur un livre qui est sorti très récemment : « Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur » de Maître Pierre Farge.

J’aime beaucoup les ouvrages de vulgarisation. (…)  même entre juristes, il y a toujours un besoin de communiquer simplement (…) souvent c’est le moyen le plus rapide d’accéder à l’information. J’ai eu aussi envie de lire ce livre parce que le sujet des lanceurs d’alerte, c’est pas un sujet très populaire, donc ça m’intéressait de creuser un peu plus le sujet.

Je vais vous donner 2 bonnes raisons de lire le livre.

L’historique du lanceur d’alerte

La première raison de lire ce livre, c’est qu’il remet en perspective dans l’histoire, toutes les situations, toutes les époques où il y a eu besoin de lanceurs d’alerte. Le lanceur d’alerte, quel que soit le nom qu’il portait à ce moment là, a été utile pour maintenir l’ordre public. Il évoque notamment tout un tas de sociétés, d’époques, où il n’y avait pas pas vraiment de professionnalisation des procureurs et que la société avait besoin que ce soit les citoyens qui prennent en charge le fait de remonter les problèmes. Toute cette partie, qui est plutôt la première partie du livre, est vraiment très intéressante.

Et après on va basculer sur quelque chose de beaucoup plus contemporain, à savoir parler d’un côté de l’histoire des Etats-Unis et de l’autre de l’histoire de la France sur ce sujet. Et ce qui est intéressant, c’est de voir que, aux Etats-Unis, il y a une histoire très riche sur le sujet. Tout au long de leur histoire, un peu plus courte que la nôtre, Ils ont eu recours aux lanceurs d’alerte, à plusieurs moments historiques. Le lanceur d’alerte est ainsi apparu comme un élément absolument nécessaire à la société et il y a vraiment un regard tout à fait bienveillant aux Etats-Unis sur le sujet.

En France, on a plutôt l’impression d’un certain vide historique, on a tendance plutôt à faire de mauvaises analogies, comme le fait qu’un lanceur d’alerte est plutôt le délateur de la seconde guerre mondiale ce qui renvoie à des choses extrêmement négatives en France. Et ce que montre bien le livre, c’est un certain vide, en France, dans cette histoire par rapport aux Etats-Unis.

Pour autant, il ne faut pas avoir une image idyllique des Etats-Unis pour autant. Snowden, c’est typiquement le genre de situation où le lanceur d’alerte n’est pas protégé. Donc, pour tout ce qui est dans le secteur public, en fait, aux Etats-Unis, c’est très difficile d’être protégé. Les lanceurs d’alerte qui sont protégés, c’est plutôt dans le secteur privé et il y a une vraie différence de traitement entre les deux.

Et si on revient à la France, on a depuis 2016 la Loi Sapin II qui a permis beaucoup d’avancées, mais qui a continué ou a créé de nouvelles carences dans l’organisation, que l’on va aborder dans la seconde partie du podcast.

Le lanceur d’alerte contribue à l’ordre public

La seconde raison de lire ce livre pour un juriste, c’est que le lanceur d’alerte contribue à l’ordre public.

Vous vous souvenez certainement pour ceux qui ont lu le livre que je recommandais dans l’épisode un, « L’avocature » de Daniel Soulé Larivière, il est important d’inscrire tous les acteurs, que ce soit les avocats comme les lanceurs d’alerte, de les rattacher à cette question d’ordre public parce que quelque part, on tire tous dans le même sens, on n’a pas des intérêts antagonistes. C’est pour ça que je pense que le sujet des lanceurs d’alerte, notamment au travers de ce livre, devrait être vu aussi à la lumière du fait qu’un lanceur d’alerte contribue à l’ordre public.

Ce que montre le livre, c’est le sort réservé, en France par exemple, par l’administration fiscale, aux aviseurs fiscaux, on les appelle comme ça. L’auteur parle par exemple du fait qu’il a trois dossiers dans son cabinet qui pourraient rapporter 10 milliards d’euros, mais que, faute de garanties de protection pour ses clients, eh bien, il ne confie pas ses dossiers à l’administration fiscale.

Aujourd’hui, l’indemnisation des aviseurs fiscaux dépend de la décision de deux fonctionnaires et ce n’est pas susceptible d’appel.

Je parlais en première partie d’un vrai vide institutionnel, c’est l’absence de procédure contradictoire qui permette de garantir le système, il n’y a absolument aucune transparence. Ce que montre bien le livre, au delà de ce cas des aviseurs fiscaux, de manière générale sur tous les lanceurs d’alerte qui apportent vraiment des très, très gros dossiers, c’est que le nœud gordien de l’affaire, c’est l’indemnisation, c’est le fait d’avoir des moyens, que, si on apporte une affaire à la justice ou à l’administration, on puisse faire face au fait de perdre son emploi, au fait de subir des « procédures bâillons ».

La procédure baillon, c’est quand la personne morale que vous dénoncez ne va pas arrêter de vous harceler en justice. L’enjeu c’est d’avoir les moyens de se défendre, de prendre ne serait ce qu’un avocat. Parce qu’en fait, les lanceurs d’alerte, ils jouent leur peau en fait, comme dirait Nassim Taleb.

Et ce qui est intéressant, là où l’auteur va plus loin, c’est qu’il explique qu’il y a tout un lobbying contre les lanceurs d’alerte, que malgré la Loi Sapin II, il y a beaucoup de carences institutionnelles qui empêchent le système de réellement fonctionner. D’ailleurs ce lobbying contre les lanceurs d’alerte prospère largement sur l’analogie foireuse avec le délateur de la seconde guerre de la Seconde guerre mondiale. J’ai vraiment changé d’avis sur cette question de l’indemnisation, j’étais vraiment complètement contre avant de lire ce livre, j’ai vraiment changé d’avis et c’est en ce sens aussi que je peux vous conseiller de lire ce livre, parce que c’est quand même pas tous les jours qu’un livre fait changer d’avis.

Ce livre montre à quel point la question de l’indemnisation n’est pas une question d’enrichissement, c’est la contrepartie de tous les risques pris par celui qui expose sa vie pour défendre l’ordre public.

Je vais vous lire un extrait d’un exemple assez concret qui montre un peu à quel point le système fonctionne mal en France.

« Conscient des traumatismes subis par les précédents lanceurs d’alerte en France et dans le monde, tous rapidement cernés par les procédures judiciaires. Un client me charge de prendre contact avec le service compétent afin de disposer, dans la nébuleuse de textes que nous avons compris, d’un maximum de garanties. C’est pourquoi son nom reste à ce stade secret. Je me rapproche donc du service des investigations élargies. (SIE), le service spécialisé, aussi considéré comme le service secret fiscal dédié aux aviseurs fiscaux, mais n’acceptant pas que je garde confidentiel le nom de mon client et à fortiori les données en ma possession, comme l’impose mon secret professionnel, j’apprends qu’un jour plus tard, par un courriel que me fait suivre mon client, que mon interlocuteur d’alors est entré en contact directement avec lui par email, l’invitant à lui répondre tout aussi directement, dans le cadre de ce dossier qu’il cite par le nom de l’établissement financier en question. Les noms du fonctionnaire et du service sont en signature officielle de son email. Aucune équivoque possible.

Une main courante immédiatement déposée, suivie d’un courrier au ministre de l’Economie. En l’absence de réponse, au bout de huit jours, une plainte est déposée contre l’administration fiscale. Habituellement, le traitement d’une plainte peut prendre plusieurs mois avant qu’il soit suivi éventuellement d’effet. Ici, une information judiciaire est ouverte en 48 h. Je suis donc convoqué à une audition. Elle durera 3 h et permettra de répondre aux questions de façon exhaustive. De souligner les incohérences et finalement de poser aux magistrats cette question simple : si ce fonctionnaire a soit disant tenté de me contacter par téléphone avant d’appeler directement mon client, pourquoi n’a t il tout simplement pas répondu à la main courante et à mon courrier au ministre dont il était en copie ? Pourquoi a-t-il attendu une plainte et plusieurs semaines pour produire ces éléments, sinon autant de temps qu’il en faut pour s’organiser et construire des preuves de toutes pièces pour se défendre, avec tous les moyens des services de renseignement que l’on imagine en sa possession. Après cette diligence éclair, en l’espace de deux mois faits d’auditions des parties des expertises de mon système informatique, le magistrat laissera le dossier se tasser, n’autorisera ni mon avocat ni moi à un entretien pour souligner les incohérences de l’administration et mettra près d’un an à conclure ce qu’on appelle un classement sans suite. Là encore, personne n’explique pourquoi une telle diligence au démarrage 48 h à compter du dépôt de plainte. Du jamais vu, mais près d’un an sans aucun acte d enquête avant d’obtenir ce classement. Tout cela est révoltant.

Ce fonctionnaire a sali la fonction de tous ceux qui exercent leurs missions d’intérêt public avec conscience. Et accessoirement, empêcher un recouvrement sans précédent de deniers publics évalué à plusieurs centaines de millions d’euros. A ce jour, personne n’a expliqué pourquoi le fonctionnaire en question s’est autorisé à court circuiter un avocat. Personne n’a expliqué pourquoi aucune trace de son appel n’apparaît au standard de mon cabinet. Et surtout, personne n’a expliqué comment la livebox de mon cabinet a été réinitialisée, effaçant ainsi toute trace d’intrusion dans le système informatique. A ce jour, la question est de savoir quelle logique de l’administration présidait de tels agissements, quel était le mobile de l’administration pour court circuiter ainsi le travail de l’avocat et hacker son système informatique pour tenter de disposer des données d’un lanceur d’alerte. Je me suis posé la question et on me l’a aussi posée dans le cadre de l’audition.

Ma réponse qui tient en quatre points, concerne le fonctionnement du SIE contacté au début de l’affaire.

  1. Il a sans doute cru que j’aurai la naïveté d’enregistrer les informations de mon client sur la base de données de mon ordinateur ou dans un cloud et qui lui suffirait d’un bon informaticien pour se les approprier.
  2. Il était en fin de carrière et n’avait rien à perdre. Il espérait terminer brillamment avec un dossier sans précédent en termes de recouvrement, sans doute aussi excellent pour entretenir des relations diplomatiques avec les États Unis.
  3. Ce qui accessoirement lui aurait peut être valu une décoration selon la règle voulue par la médiocrité conquérante. En tant que responsable du renseignement fiscal, il estimait, selon sa propre morale évidemment, qu’il devait vérifier les informations en possession d’un avocat au nom des intérêts supérieurs du pays, du secret défense, c’est à dire de vérifier s’ils n’étaient pas attentatoires aux intérêts de l’État ou de quelque politique industrielle et ou autre corporation de sa connaissance.
  4. Quoi qu’il fasse, ce fonctionnaire a sous estimé la fidélité et la confiance de mon client. Il était convaincu qu’il ne m’informerait jamais de son initiative. Et quand bien même le ferait-il, il croyait à tort qu’un jeune avocat n’oserait jamais déposer plainte contre l’administration fiscale et que surtout, il ne prendrait jamais le risque, par cette plainte, de faire fuiter le nom de son client, normalement protégé par le secret professionnel. Sans parler du fait qu’il reste difficile pour un avocat de reconnaître que son cabinet, par définition sanctuaire de quelques secrets, a été l’objet d’une attention particulière des services de renseignement français.

Je ne suis pas dans la tête de cet homme que l’on a mis en retraite anticipée. Mais ce sont les quatre seules raisons que j’ai trouvées à des agissements aussi violents qui rationnels. Si personne ne l’a confirmé ni infirmé aujourd’hui, tout le monde sait, y compris Mme Pires Beaune, la députée en charge du rapport d’information parlementaire sur les aviseurs fiscaux. Elle auditionnera même l’intéressé en ne mentionnant que son prénom en page 10 du rapport et en précisant qu’il est l’ancien chef du SIE de la DNEF. Allez savoir pourquoi, toutes les autres personnes figurant dans ce rapport ont droit à leur nom. Peut être par corporatisme, elle assure en pages 17 et 18, que « les potentiels aviseurs peuvent également avoir recours à un avocat pour les représenter. Mais il ressort des travaux de la mission que la mise en relation indirecte par le biais d’un tiers peut freiner le déroulement de la procédure. »

Effectivement, la mise en relation indirecte par un tiers, en l’occurrence un avocat qui refuse de donner le nom de son client pour le protéger, afin d’obtenir des garanties de l’administration, peut freiner le déroulement de la procédure. Mieux vaut d’ailleurs ignorer les faits en balayant cela d’un revers de main avec la formule : « par le biais d’un tiers ». Mieux vaut ne surtout pas dire qu’une plainte a été déposée contre cet ancien fonctionnaire qu’on n’ose même plus appeler par son nom. Mieux vaut surtout taire ses pratiques à la représentation nationale, aux parlementaires, aux concitoyens, car ce même rapport parlementaire, lui, a vocation à être public. »

Pierre Farge : « Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur »

Pierre Farge à la Barre pour Télé Droit

Pierre Farge à la Barre pour Télé Droit

A LA BARRE | Épisode 3 | TELEDROIT 📺

L’interview de Maître Pierre Farge par TÉLÉ DROIT (6’49) https://www.instagram.com/teledroit (26,8 K abonnés)

1. L’avenir des avocats en 2021 : une profession menacée ?

La nomination d’un avocat pénal aux fonctions de Garde des Sceaux semble plutôt de bon augure à Pierre Farge.
La paupérisation des avocats provient selon lui de l’absence d’un numerus clausus comme chez les notaires.

2. Coronavirus et absence de transparence

Pierre Farge a pris un certain nombre de positions pendant le confinement, notamment sur la responsabilité de la Chine dans la pandémie :

Il ne pense pas en revanche qu’il faille porter plainte contre nos dirigeants, qui ont pris des décisions avec les informations disponibles, parfois contradictoires.

3. A la barre quelle est votre arme de persuasion n°1 ?

« Plaire, émouvoir, convaincre… comme dirait Cicéron sur la rhétorique (…) A titre personnel, je dirais l’humour, le rire ».

4. Avocat et lanceur d’alerte : le besoin d’être utile ?

Une véritable législation des lanceurs d’alerte doit être mise en place, plus facilement applicable.
Les lanceurs d’alerte permettent des rentrées d’argent sans précédent pour les caisses de l’état.

5. Convictions ou défense : pourriez-vous défendre un « anti-lanceur d’alerte » ?

Il faut une certaine cohérence. Pierre Farge milite pour une meilleure protection des lanceurs d’alerte, qui prennent tous les risques à titre personnel et professionnel, et ce, dans notre intérêt général à tous.
La Loi Sapin 2 a créé l’obligation pour les entreprises de mettre en place un dispositif d’alerte, permettant de recueillir de façon sécurisée des signalements des lanceurs d’alerte.
Dans ce contexte, Pierre Farge est parfois sollicité par des entreprises confrontés à une alerte et désireuses d’êtres conseillées sur la réponse à y apporter.

Voir la vidéo :

Don Quichotte 3.0 : Rencontre avec Pierre Farge – DANDY Magazine n°76

Don Quichotte 3.0 : Rencontre avec Pierre Farge – DANDY Magazine n°76

Pierre Farge fait l’objet d’une interview intitulée « Don Quichotte 3.0 : Rencontre avec Pierre Farge » dans DANDY Magazine n°76 paru en janvier 2020.

L’article, bilingue français/anglais et figurant dans la rubrique STYLE en page 142, est mis en avant dans la prévisualisation du numéro

Extraits choisis

« Avocat, diplômé de HEC et de l’Université Paris X, l’ancien collaborateur d’Olivier Metzner doit son engagement envers les migrants de la Jungle de Calais à son histoire familiale, celui envers les lanceurs d’alerte à un passage par l’OCDE et celui envers les femmes battues à une escort girl. Ne vous fiez pas à son allure de jeune premier : sous son élégance moderne, le fondateur du collectif Avocat Stop Féminicide cache un tempérament de Don Quichotte estampillé 3.0. » « C’est dans ce camp de migrants (dans la Jungle de Calais) qu’il réalise qu’il peut se rendre plus utile en tant qu’avocat (en se consacrant) à réunir les familles éclatées et dénoncer les conditions de vie dans la Jungle. Il a 25 ans. Cinq ans plus tard, son engagement en faveur des lanceurs d’alertes, et récemment des femmes battues, en a fait l’un des avocats les plus prometteurs de la nouvelle génération. »

« Dandy : Vous êtes connu pour être l’avocat des lanceurs d’alerte, lesquels sont un phénomène très actuel, dont on parle beaucoup depuis l’affaire Snowden. En quoi les lanceurs d’alertes ont-ils besoin d’un avocat ? Ne sont-ils pas défendus comme il faut ?
Pierre Farge : « Ils sont utilisés par les services fiscaux des États et après ils sont jetés. Il faut donc introduire une législation pour les protéger, parce qu’ils vont dans le sens de l’Histoire. Aujourd’hui cette législation a été introduite, mais il ne s’agit que de dispositifs d’affichage : dans les médias et l’opinion on croit qu’elle les protège, mais quand vous cherchez à les voir appliquer, c’est impossible. De plus, en France les dizaines de dispositifs protégeant les lanceurs d’alerte sont contradictoires les uns avec les autres… C’est la raison pour laquelle je me bats auprès des pouvoirs publics et des parlementaires pour harmoniser cette législation, en apportant un témoignage de terrain. »

Dandy : Et votre dernier cheval de bataille sont les victimes des violences conjugales. Là aussi en plein dans l’actualité. Comment en êtes-vous venu à chevaucher celui-ci ?
Pierre Farge : C’est arrivé parce que l’une de mes clientes, qui était une escort girl brillante que j’accompagnais depuis deux ans, s’est suicidée. L’idée germait de relier publiquement le débat sur les violences conjugales et les aberrations du système judiciaire, mais c’est à partir de là que j’ai décidé de constituer un collectif d’avocats. Aujourd’hui nous sommes une trentaine dans toute la France, et les femmes nous appellent sur le standard du cabinet : on les aide, on les accompagne, on les conseille, on les défend et, accessoirement, on fait du lobbying auprès des pouvoirs publics dans le cadre du Grenelle sur les violences conjugales. »

Télécharger l’article en PDF :  DANDY Magazine n°76-Pierre-Farge

Dandy Magazine n°76 - Janvier 2020 CouvertureDandy Magazine n°76 - Janvier 2020 - Pierre Farge au Sommaire

Pierre Farge tombe la robe dans Têtu

Pierre Farge tombe la robe dans Têtu

Pierre Farge tombe la robe d’avocat et se met à nu pour le magazine Têtu

Dans chaque numéro, Têtu déshabille un de ses lecteurs pour qu’il nous parle de son rapport à son corps.

Pierre Farge est paru dans « La Vérité Nue » du numéro n°221 paru le 27 novembre 2019. Sommaire du numéro

Photo Hervé Lassaince.

Pierre Farge tombe la robe dans Têtu

Portrait chinois de Pierre Farge

Portrait chinois de Pierre Farge

Photo Pierre Farge, lauréat Concours Photo N&B du CNBPour mes lecteurs qui voudraient en savoir plus sur l’homme derrière l’avocat, je me suis prêté au jeu du portrait chinois.

Si j’étais…

Un lieu :  Rome, une ville unique alliant la beauté et l’éternité.

Un personnage historique : Churchill, ne jamais renoncer.

Une œuvre d’art : une œuvre abstraite.

Une musique : la Campanella de Lizst, complexe et mélodique

Une nouvelle technologie : Les Smileys : ) car ils permettent d’exprimer des émotions et de donner un sens aux messages textes.

Une nouvelle technologie : ce serait le tout dernier iPhone, pour être toujours à la pointe

Un tweet en 140 caractères max : « Plaire, émouvoir et convaincre » #ciceron

Une photo qui disparaît une fois consultée : Une photo de presse nu qu’on a prise de moi dans Têtu début novembre.

Une photo Noir & Blanc : l’autoportrait en hommage à Karl Lagerfeld ci-contre, qui a remporté un concours photo.

Un hashtag : #nofilterneeded, je signe souvent mes posts avec ce hashtag. Cela me fait penser à ce mot de Boileau : « Soyez simple avec art, Sublime sans orgueil, Agréable sans fard. »

Un complot ou une fausse rumeur : Il paraîtrait que je ne suis pas un vrai avocat parce que je passe à la télé.

Une fonction d’un robot intelligent :  la multifonction parce que je sais parler, hacher menu, et mixer, les gens, les discours…

Une application mobile idéale : celle que j’aurais rêvé d’inventer, le GPS, ou peut-être Shazam.

Un réseau social : Instagram. C’est mon journal intime en tant qu’avocat. Je prends en photo les coulisses de la justice, de mes voyages, de mes rencontres, de mes idées, mes humeurs et mes goûts.  J’y dévoile une partie de ma personnalité, c’est un bout de moi. Sur Instagram, j’ai compris qu’il fallait me mettre en avant pour que mon profil fonctionne.

Un geste pas écolo : J’ai pris l’avion 94 fois en 2019. Je sais, ce n’est pas bien. Mais j’attends les avions hybrides.

Un mot à la mode insupportable : « Petit ». « On se fait un petit dîner », « un petit voyage », « un petit vin »… ça manque d’ambition !

Une émission de télé : Apostrophes, l’émission littéraire de Bernard Pivot (France 2, 1975-1990)

Un lanceur d’alerte : moi, ça suffit.

Un smiley : celui avec le sourire, il faut le garder, quelles que soient les circonstances, et quand rien ne va, c’est Jacques Séguéla qui m’avait dit ça à 20 ans.

Un néologisme :  Shazamer.

Un restaurant : plutôt slow-food que fast-food, quoique j’apprécie les bonnes tables où l’on arrive à vous servir rapidement à Paris.

Un produit d’origine : Made in France ! Je soutiens l’entreprenariat français, les artistes français, la cuisine française, la mode française.

 

Farge associés : Success story française, l’avocat des lanceurs d’alerte

Farge associés : Success story française, l’avocat des lanceurs d’alerte

Interview de Pierre Farge, publiée dans Le Village de la justice – Le Journal du Management Juridique et réglementaire, n°72 18 septembre 2019

Spécialisé en contentieux fiscal, ce cabinet d’avocats tricolore, novateur dans son exercice du métier, défend aujourd’hui la cause des lanceurs d’alerte.
Pierre Farge, son fondateur, revient sur un parcours semé d’embûches, mais dont la réussite et l’engagement donnent raison. Entretien avec cet avocat solaire, qui bouscule le barreau de Paris, et fait trembler les plus grands établissements financiers de la planète.

L’article en PDF

FARGE ASSOCIÉS : SUCCESS STORY FRANÇAISEL’avocat des lanceurs d’alerte

Farge Associés : Oser dire ce que les autres taisent – L’Entreprise des Nouveaux Managers

Farge Associés : Oser dire ce que les autres taisent – L’Entreprise des Nouveaux Managers

INTERVIEW FARGE ASSOCIES

Fondateur de Farge Associés, Pierre Farge répond à nos questions sur ses derniers combats. Rappelant ses domaines d’intervention, ce passionné nous fait le tour de ce qu’il appelle sa boutique du droit. Un univers qui laisse imaginer toutes les histoires qui se jouent entre ces murs, faites de chuchotements, de colères, et manifestement de succès.

Entrevue avec cette figure montante du barreau – loyale mais sans pitié, nous assure un de ses confrères  – au goût prononcé pour les marges, plaidant aussi bien pour la cause des réfugiés ou des salariés floués, que des multinationales ou des terroristes.

Télécharger l’interview en PDF : L’Entreprise des Nouveaux Managers – Trimestriel Avril Mai juin 2018

En vous attendant, je regardais cette bibliothèque aux centaines de livres, et tous les mystères qu’elle renferme : une collection de dictionnaires infernaux, beaucoup d’ouvrages d’art, et peu de droit. A cela s’ajoute un dessin au crayon par Foujita, un autre au pastel de Karl Lagerfeld, ou une hoto de Carla Bruni par Helmut Newton chaleureusement dédicacée. Souriant, regard franc, Pierre Farge rebondit.

Je reconnais que ces objets sont rassurants, mais sans la logique bourgeoise qui se tient à un tel raisonnement, c’est plus profond. Ils marquent des jalons de ma vie, ils sont là, mais je crois que s’ils me quittaient demain, j’y serai indifférent.

Nos locaux veulent surtout rompre avec l’image conventionnelle du cabinet d’avocats, tout en veillant à ne pas tomber dans l’excès des bâtiments trop somptueux, qui jusqu’à preuve du contraire ne permettent pas de gagner les procès, mais plutôt de gonfler les frais généraux et coûter inutilement au client.

N’êtes-vous pas fatigué de vous battre à longueur de journées ?

Je me souviens de ces mots de Giacometti qui m’ont beaucoup marqué et disent, de mémoire : « Je sais que j’ai quelque chose à dire que les autres ne disent pas, et si je continue avec obstination, c’est parce que j’ai la certitude absolue en moi, que je parviendrai à ce que je veux».

C’est cela je crois qui m’anime chaque jour : ressentir une urgence, aller au bout de quelque chose, et le bonheur intact de me battre fait supporter les journées souvent harassantes, l’accablement parfois, mais finalement toujours la satisfaction de donner son maximum.

Et puis c’est extrêmement riche d’essayer d’écouter et comprendre beaucoup de gens de tous horizons. C’est cette diversité de mon métier qui me plaît : conseiller un diplomate, un héritier, un entre-preneur, un grand sportif, puis plaider un jour devant le Conseil de prud’hommes pour un salarié floué, le lendemain près le Tribunal correctionnel pour un hacker, ou devant une administration pour un migrant.

Que plaidez-vous demain par exemple ?

Demain, je plaide à Marseille un dossier d’une des 5000 salariés SFR partie à un Plan de départ volontaire. Elle est gravement handicapée, a fait l’objet ces derniers mois d’une retenue arbitraire de son salaire, et ses documents de fin de contrat ne lui permettent pas de toucher son chômage car ils ont été truffés d’erreurs par la société.

En somme, imaginez un instant vous retrouver, plusieurs mois durant, dans l’incertitude d’être à nouveau payée un jour, au chômage depuis quatre mois, et incapable de bénéficier de vos allocations, faute de documents de fin de contrat communiqués dans les délais et correctement remplis.

Imaginez encore devoir souscrire un crédit à la consommation pour payer vos impôts, voire emprunter à votre famille et vos amis pour honorer vos échéances de loyers, rembourser le crédit précité et payer vos factures ; sans parler du fait de ne pas avoir les moyens de vous acquitter du tiers-payant pour l’hospitalisation qu’impose votre handicap, car faute de documents de fin de contrat, vous ne pouvez plus demander à votre complémentaire santé une prise en charge. C’est une honte.

Comment de telles négligences ont-elles été possibles ?

Je vous pose la question. C’est rocambolesque. Peut-être l’incompétence du service des Ressources humaines qui s’est refusé successivement à toute réponse aux courriers des salariés, de mon cabinet et de l’Inspection du travail ; ou encore l’incompétence de la Direction juridique, manifestement incapable d’évaluer le risque.

Je pense aussi qu’il y a une grande arrogance de la Direction générale, traitant ses salariés comme des pions, et privilégiant les impératifs financiers – largement plus rentables – aux contingences humaines,qui se règlent d’un trait de chèque à l’issue d’une condamnation prud’homale, portant finalement beaucoup moins atteinte aux intérêts des actionnaires.

Comment aider ces salariés ?

Certainement pas en faisant appel au Ministre du Travail, ex-DRH de Danone, qui mélangeait il y a quelques mois encore stock-options et Plan de départ volontaire au niveau de son groupe.

A défaut de compréhension des pouvoirs publics, je pense que le sursaut doit venir de l’opinion, finalement seule arbitre, de vous journalistes, ainsi que des salariés eux-mêmes, qui ne doivent pas se résigner à porter publiquement ce que se permettent certaines grandes entreprises.

Vous vous opposez clairement au patronat par cette prise de position ?

Pas exactement. Mon cabinet conseille aussi des dirigeants mais veille en général, en accord avec eux, à les accompagner dans une stratégie d’économie positive, soucieuse évidemment des impératifs financiers, autant que des enjeux humains.

Je pense que le modèle économique de sociétés comme SFR est épuisé. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que le groupe justifie son plan social par la perte de centaines de milliers d’abonnés : si la société traite ses clients comme ses salariés, on peut comprendre !

J’ai appris que vous défendiez aussi des terroristes. Qu’en est-il ?

Non, je ne défends pas « des terroristes ». J’assiste et représente un homme présumé avoir commis une association de malfaiteurs en vue de la préparation à des actions violentes sur le territoire français ; c’est la qualification pénale. Autrement dit, n’ayant pas encore été jugé, il est, jusqu’à preuve du contraire, innocent.

J’en suis d’autant plus convaincu que le dossier est vide. Et comme tel l’instruction patine. Mais sous prétexte d’état d’urgence, mon client est quand même en détention depuis six mois. Autrement dit, il n’a pas été jugé mais il est quand même derrière les barreaux. Cette détention provisoirement durable est complètement arbitraire.

Le juge refuse de faire droit à nos demandes de mise en liberté assortie d’un bracelet électronique qui garantirait pourtant les besoins de l’instruction tout en respectant les droits de mon client. Devant l’arbitraire de l’État, nous n’aurons je crois bientôt d’autre choix que de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme.

Et je vous le dis lentement, pour que l’instruction puisse avoir la satisfaction de comprendre : la France doit être condamnée pour ce recul des libertés terrifiants, c’est intolérable qu’un pays qui se gargarise des droits de l’Homme enferme des hommes sur la seule base d’une enquête faisant naître la présomption d’une intention criminelle, alors qu’aucun élément concret ne vient la confirmer, ou même nourrir d’un début de preuve.

Ce dossier est difficile mais j’aime cette urgence, j’aime les cas qui ne sont pas gagnés d’avance.

Il ne vous arrive jamais d’avoir peur ?

No fear, no limit.

(* Aucune peur, aucune limite.)

Avec l’arrivée du printemps et la recrudescence habituelle de migrants à cette période, pourriez-vous parler de votre engagement bénévole dans les camps de Calais ? Pudique, rappelant d’abord l’importance de ne pas instrumentaliser la misère, mais néanmoins du devoir d’en parler pour informer et fédérer toujours davantage, Pierre Farge poursuit :

J’avais dénoncé l’hypocrisie du démantèlement de la jungle de Calais, et même écrit à l’époque qu’il se reconstruirait. Nous y sommes : aujourd’hui, le camp est à peu près comme à son premier jour.

Selon l’OCDE, la France a accueilli en 2016 78.000 réfugiés et demandeurs d’asile, auxquels s’ajoutent 180.000 autres immigrants, dont 90.000 pour le regroupement familial et 70.000 étudiants. En 2017, on aurait atteint 100.000 réfugiés et demandeurs d’asile. Et cela continue au rythme de 7 à 8000 par mois en moyenne.

Comme le souligne Jacques Attali, on parle donc là de 1,5 pour mille de la population française. Un et demi pour mille ! Vous vous rendez compte ?

L’on vous voit dans la presse people habillé par Chanel, ou sur les réseaux sociaux vous déplacer en jet privé. Ce n’est pas un peu paradoxal avec votre engagement dans les camps de réfugiés ?

Chanel est une marque française symbole d’un savoir-faire exceptionnel : je suis fier de la porter pour les évènements où l’on veut bien m’inviter. L’avion privé est un outil de travail dont dispose un de mes clients, et dont il me fait profiter magnanimement, et dans une logique de rentabilité, car un appareil doit voler un minimum d’heures par an pour être amorti.

Croyez-moi bien que ce dirigeant crée beaucoup d’emplois et paye beaucoup d’impôts, de même qu’il contribue largement à notre chiffre d’affaires… ce qui permet de dégager ce temps bénévole pour des causes telles que les réfugiés. Je crois que je réponds à votre question.

L’art se décline sous toutes ses formes dans votre bureau. Comment avez-vous été initié à l’art ?

L’art est une nécessité de m’en sortir avec le réel. C’est une manifestation de notre temps qui questionne sur l’origine de notre conscience et permet de découvrir un monde en dehors de nos propres expériences. C’est une façon de vivre en dehors de mon métier, de ne pas m’enfermer dans un système, de maintenir une distance et, en quelque sorte, de pouvoir m’exprimer d’une autre manière.

Comment un homme aussi occupé que vous peut-il trouver le temps pour s’intéresser à l’art ?

Mais je ne trouve pas du temps pour l’art : j’essaie d’habiter dedans ! Cela reste pour moi le meilleur monde où vivre, de rêver les yeux ouverts, et d’avoir ce que l’on appelle sa part de Dieu, sans laquelle il n’existe pas d’œuvre d’art. L’art vous ouvre la connaissance et permet de rencontrer des personnalités passionnantes, d’apprivoiser leurs âmes, leurs obsessions et leurs difficultés. C’est très enrichissant.

Prenez par exemple Olivier Roller, l’artiste qui a réalisé la photo de couverture, dans le cadre de sa recherche sur l’image du pouvoir. Il s’est intéressé voilà quelques années aux visages de l’autorité du show-business (Jacques Séguéla, Claudia Schiffer, Karl Zéro), de l’art (Marina Abramovic, Jeanne Moreau, Pierre Soulages), de la politique (François Hollande, Jacques Attali, François Fillon), et des intellectuels (Sollers, Cossery,Fumaroli).

Aujourd’hui c’est au tour des avocats et des chirurgiens, autrement dit toujours ceux qui ont, à un moment ou un autre, l’honneur, la fortune, le destin d’hommes ou de femmes à sauver ou défendre entre leurs mains. Quoi que ce travail me rappelle toute l’humilité que peut avoir l’avocat par rapport au médecin, qui opère un cœur ou retire une tumeur, alors que je ne fais que du droit…

Parlez-moi de cette séance photo hors du commun.

Photo Olivier Roller

Photo Olivier Roller

Une séance photo aux côtés d’Olivier Roller est une expérience aussi extraordinaire qu’exigeante ; son objectif vous traverse, la lumière est crue,impitoyable. J’ai eu le même sentiment du devoir de vérité que devant un magistrat, sans fausse émotion. C’est donc intime de se livrer à tel dépouillement, d’autant que vous apprenez qu’il s’agit d’un portrait sans retouches. Mais le résultat est là.

Prenez le triptyque, vous avez d’abord un portrait d’un avocat dont il coupe la bouche, pour ne pas dire la langue, comme autant d’écho à cette arme de l’avocat, ce verbe que certains aimeraient réduire au silence ; puis le côté un peu hitlérien du rabat blanc qui prolonge la moustache ; et enfin les mains comme annonce du corps et de l’esprit, ces mêmes mains qui tiennent la barre d’un tribunal aux audiences comme on tient celle d’un navire contre vents et marées.

Je ne sais pas si cette photo traduit cette image du pouvoir qu’il cherche dans tous les regards qu’il photographie, en tout cas son intuition a tout compris du métier. C’est ce qui explique d’ailleurs pourquoi il est exposé au Louvre, le musée où, sauf exception, l’on n’expose aucun vivant…

Et pour vous donner une réponse un peu plus professionnelle, cette passion pour l’art me permet de fournir un conseil avisé à mes clients cherchant à diversifier leurs actifs, tout en se faisant plaisir.

Qu’est-ce qui explique le succès de Farge Associés ?

Cela faisait un certain moment que je mûrissais mon installation ; et bien que ce choix était risqué sur un marché très concurrentiel, je l’avais beaucoup réfléchi. L’âme libérale l’a emporté ; je me suis donc laissé guider par mon instinct dans le choix des dossiers, ou tout du moins dans la stratégie à adopter pour chacun d’eux. Jusqu’à présent je tire des conclusions très positives de cette expérience : le bouche à oreille fonctionne, sans parler du très bon accueil réservé à mes publications à droite à gauche.

Grâce à cela, nous avons consolidé et développé notre clientèle et avons été mandatés dans de nouveaux dossiers par des clients inter-nationaux dans les secteurs du luxe, de la banque et de l’art. Cela dit, les dossiers rémunérateurs ne sont pas aussi nombreux que vous croyez : nous acceptons beaucoup de dossiers pour la justesse de la cause.

La recette paraît trop simple : beaucoup d’autres galèrent, surtout parmi les jeunes. Vous parliez tout à l’heure du pouvoir de certains visages. J’ai tout de même l’impression que vous avez une autorité naturelle.

Il n’y a rien de secret ou d’irrationnel : je travaille dur, et cela génère la confiance. Chaque jour est un défi : les clients, il faut les trouver, puis maîtriser leur dossier. Et pour ce faire, je suis vraiment au four et au moulin car le quotidien réserve souvent son lot de mauvaises surprises, d’injustices ou de vilénies.

Pour vous répondre, je crois que j’ai une certaine capacité à transformer le dégoût en énergie.

Vous parliez dans d’autres colonnes d’un lanceur d’alerte parmi vos clients. Vous suscitez ma curiosité : que contiennent vraiment ces révélations ?

Je ne peux pas vous dire grand-chose à ce stade, sinon que ces fichiers révèlent des violations d’embargos internationaux et autres lois extraterritoriales. Sont impliqués les plus grands établissements financiers de la planète qui ont déployé d’énormes efforts pour dissimuler des transactions illicites, brouiller les pistes et duper les autorités de contrôle. C’est tentaculaire.

Pourquoi les lanceurs d’alerte représentent-ils, selon vous, la solution ?

Cela fait dix ans que je m’intéresse à la fraude fiscale. En faisant des recherches de thèse (HEC Paris), j’ai compris que l’ensemble des mécanismes mis en place par la communauté internationale pour lutter contre l’évasion fiscale n’avait servi à rien. Les organisations internationales, la Commission européenne et le G20 se sont emparé de ces questions, sans que leurs déclarations péremptoires soient suivies de faits.

Par exemple, l’OCDE a courageusement vidé de substance, sous la pression des lobbies, le projet chargé de lutter contre l’érosion des bases fiscales (BEPS). Résultat : de toutes petites mesures, mais bien médiatiques, pour nuire aux personnes physiques, représentant une goutte d’eau dans l’océan de manque à gagner causé par exemple par les géants du numérique, qui continuent quant à eux leur optimisation fiscale agressive en toute impunité.

Et j’en viens à mon propos. Le cas emblématique de la précédente décennie est celui de Hervé Falciani. Depuis, dans les faits, rien n’a bougé.

Dans la mesure où les grands projets ont échoué, en dix ans de temps, et avec les moyens qui étaient les leurs ; où tous les moyens de contrôle sont défaillants ; où l’on ne sait plus bien en pleine crise sociale et morale qui du politique ou de l’économique doit réguler, il n’y a pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre qu’il faut penser à autre chose.

En l’occurrence, les lanceurs d’alertes se multiplient de façon incontrôlable : Wikileaks, FootLeaks, SwissLeaks, LuxLeaks, OffshoreLeaks,Panama Papers, Pentagon Papers, et l’actualité s’accélère.

Sans aucune affinité particulière pour la délation, qui d’autre en effet que des lanceurs d’alerte pour révéler la structuration réelle des entreprises, de loin les principales coupables des sorties illicites de capitaux ? Qui d’autre que quelqu’un de l’intérieur ? Quand les sociétés en auront assez d’être mises au ban de la communauté internationale par la multiplication des révélations de leurs employés, et de payer de lourdes amendes pour les détournements révélés, il est assez logique de penser que, craignant toutes la « taupe », celles-ci s’interdiront la moindre dérive.

Et ce n’est pas théorique, mais logique, cela obéit à la pure logique libérale : les entreprises s’autoréguleraient d’elles-mêmes, apportant la stabilisation du droit et de l’État de droit. Vous me suivez ?

Votre message est une prise de conscience populaire ?

Les lanceurs d’alerte vont dans le sens de l’histoire, c’est inexorable. J’ai grandi à Santiago du Chili et garde en tête ce mot de  : « Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs, mais ils n’empêcheront jamais le printemps». Je crois que les lanceurs d’alertes ont à un tournant de l’histoire, que l’on ne piétinera plus jamais l’intérêt général de la même façon, car grâce à eux fleurira une finance plus réelle et une économie plus juste.

Propos recueillis par Valérie Thibault

Farge Associés : J’aime l’idée de se battre pour des valeurs – Managers Magazine

Farge Associés : J’aime l’idée de se battre pour des valeurs – Managers Magazine

Interview Farge Associés dans Managers Magazine, janvier 2018

Après plusieurs années au sein d’un cabinet d’avocats de premier plan, Pierre Farge a ouvert sa propre structure où il se distingue par un service à haute valeur ajoutée. “Un problème juridique ou judiciaire peut toucher chacun de nous à un moment donné de son existence, à titre personnel ou professionnel, et plus ou moins longtemps. Il est donc important d’avoir un Conseil en qui avoir confiance ”, assure-t-il.Pilote d’avion et adepte de la méditation, cet avocat franco-espagnol a accepté de répondre à nos questions dans son cabinet parisien du Trocadéro.

L’article paru en pdf

Comment assurer une défense de qualité ?

Il me semble tout d’abord important d’avoir une vision globale des enjeux de mes clients. Car tout avocat est capable d’évaluer un risque ou une opportunité juridique : il suffit d’ouvrir un Code puis de connaître l’interprétation de tel ou tel texte de loi et de l’approfondir.

A mon avis, pour se distinguer d’une offre toujours croissante, il faut assurer un nivellement par le haut. Car assurer “la disponibilité”, “la réactivité” ou “l’écoute” c’est bien, c’est la moindre des choses, mais ce n’est pas suffisant.

Ce qui distingue Farge Associés, c’est son accompagnement stratégique, sa capacité à comprendre la globalité des risques,juridiques évidemment, mais aussi économiques, financiers et sociaux. Il n’est plus question aujourd’hui de gagner uniquement sur le terrain du droit, mais encore faut-il être capable d’assurer sur tous les plans.

“Le temps judiciaire, par exemple, est extrêmement lent, et le temps médiatique,en revanche, fulgurant”. Il convient donc non seulement d’apporter une expertise en droit sur le fond, mais de préserver les intérêts du client dans l’opinion à très court terme. Car vous savez aussi bien que moi qu’une rumeur suffit à détruire une carrière ou une société.

C’est l’occasion pour vous demander quels sont les bénéfices associés spécialement à l’intervention de votre cabinet ?

Ce qui nous différencie, c’est cette capacité à fournir un service tel que le client se décharge complètement d’un souci et se concentre sur son projet. C’est cette inquiétude permanente d’anticiper les attentes qui satisfait et permet de fidéliser.

A cela s’ajoute une grande proximité avec les entrepreneurs et les décideurs, étant moi-même une espèce d’entrepreneur avec un cabinet en plein développement ; gérant des enjeux humains, des contraintes financières et des compromis au quotidien.

Quelle est la place du client dans votre relation ?

Le client joue un grand rôle, nous travaillons surtout avec lui à l’ouverture du dossier. S’il formule son propos, réunit les pièces utiles en amont, cela permet souvent de gagner un temps précieux.

Mais nous sommes aussi capables de construire une stratégie à partir de très peu d’éléments. Nous avons en effet un solide réseau en France et en Europe dont l’intervention rapide peut transformer le cours des choses, et d’excellents partenaires tels que des comptables, ou des cabinets en gestion de crise, voire des agences spécialisées en intelligence économique.

Nous sommes ainsi capables de réunir et analyser des preuves dans le cadre d’affaires civiles ou pénales, comme par exemple de détournement de technologies, ou encore d’espionnage commercial et industriel, voire d’escroquerie et de fraude. Une armée de l’ombre en quelque sorte, que le client ne voit pas toujours, mais dont nous sommes fiers car elle contribue au résultat et au renouvellement permanent de la confiance accordée.

Cela ne fait-il pas s’envoler vos honoraires ?

Bien sûr que non. Nous maîtrisons un honoraire compétitif grâce à un ciblage très précis dès l’ouverture du dossier. Le client n’a jamais de mauvaise surprise. Qui plus est, nos honoraires sont libres, et donc toujours adaptés à la surface financière du client : c’est ce qui fait la justesse du métier.

Quelle différence y a-t-il entre la préparation pour un enjeu juridique de grande ampleur et celle d’un contentieux plus modeste, ou que vous acceptez bénévolement ?

Aucune. Nous traitons tous nos dossiers avec la même exactitude, qu’il s’agisse de décideurs souhaitant sécuriser une opération d’envergure, ou plus modestement d’un contentieux salarial.

La passion du détail, l’exhaustivité et la clarté guident de façon générale chaque action du cabinet. Nous sommes en effet convaincus que chaque question mineure peut dégénérer en un problème majeur si elle n’est pas appréhendée dans sa globalité.

Pouvez-vous nous donner un exemple de vos interventions ?

Un dirigeant d’entreprise que nous avions conseillé pour créer sa startup cherchait à investir. La compréhension de ses enjeux, la connaissance de son domaine d’activité, ainsi que notre solide réseau nous ont permis de l’accompagner de manière optimale. Nous lui avons proposé des investissements audacieux à l’international qui correspondaient à ses perspectives, tant en termes financier que d’intérêts. Aujourd’hui son chiffre d’affaire, en l’espace de 18 mois a décuplé.

Je vois aussi que votre cabinet s’engage dans des causes qui partent d’un cadre légal, puis le dépasse…

Oui, en effet, nous avons été l’un des premiers à dénoncer la crise migratoire européenne. Nous nous sommes battus de toutes nos forces à Calais et Lampedusa pour dénoncer les violences, l’inertie de la France et l’hypocrisie de l’Europe. Et nous continuons.

Cet engagement est, évidemment, le fruit d’une histoire personnelle, mais aussi une volonté d’agir de manière désintéressée. J’aime les batailles de principe, et cette idée d’agir pour des valeurs.

C’est en ce sens que l’art représente un vecteur pour mieux faire passer mes combats. En aidant les artistes engagés, en organisant des expositions (telle l’exposition “Migrations” de Pietro Ruffo,présentée au printemps dernier à la Galerie Italienne, rue du Louvre, à Paris), j’ai le plaisir de porter des messages qui dépassent le cadre des prétoires et viennent toucher plus largement la société civile.

Et puis les artistes que je côtoie ont beaucoup de points communs avec les avocats ; ce sont d’abord de grands travailleurs, et ils touchent, quand ils ont du talent, parfois, une corde sensible.C’est très agréable d’être à leur contact et de se comprendre sans même avoir à se parler.

Votre prochain combat ?

Votre question me fait penser à un lanceur d’alerte.

En général, je ne cautionne pas la répression. Mais de temps en temps, cela remet la tête à l’endroit. Le droit d’alerter est une extension de la liberté d’expression pour moi aussi important que d’avoir une patrie, et de défendre des migrants.

En l’occurrence, le droit français,contrairement au droit américain par exemple déjà très avancé en la matière, ne protège quasiment pas les lanceurs d’alerte. Tout est encore à écrire. C’est donc une belle aventure que de pouvoir contribuer à un nouveau droit avec mon client, les intérêts en jeu sont très importants.

C’est précisément cela de peser sur la norme qui m’a intéressé en participant au volet justice du dernier programme présidentiel. Même si mon avis n’ a pas toujours prévalu, ce sentiment de pouvoir bouger les lignes, m’a convaincu de cette volonté de parler d’égal à égal, sans violence, mais sans reculer d’un pouce pour autant.

Si le serment d’avocat n’offrait pas cette liberté, je crois que je ne l’aurais jamais prêté́.

Vous êtes jeune. Cela ne fait-il pas peur à certains clients ?

Écoutez, je dis souvent à mes clients qui me font légitimement la remarque qu’un avocat qui a fait ses preuves n’a plus à les faire.

Si mes confrères honorent en général notre serment en renouvelant sans cesse leur savoir-faire, je trouve plutôt rassurante l’idée qu’un avocat, assez jeune donc, ayant tout de même travaillé aux côtés de quelques ténors, veuille construire une réputation sur un service d’exception. Une telle ambition ne donne pas droit à l’erreur.

Quoi qu’il en soit, mes clients sont en général des entrepreneurs ou des décideurs fonctionnant à l’instinct, des gens audacieux qui écoutent leur intuition. La confiance s’installe donc naturellement.

De ces ténors justement, quel est votre modèle dans la profession ?

Je n’ai pas de modèle, je préfère créer le mien.

Interview réalisée par Laurence QUENTIN

UN AVOCAT QUI S’ENGAGE…

Diplômé d’une formation bilingue de droit de l’Université de Paris Ouest Nanterre puis de HEC Paris, Pierre Farge exerce au Barreau de Paris. Il bénéficie d’une expérience au sein du cabinet Metzner Associés puis à la cellule anti-blanchiment de l’OCDE.Il a notamment été finaliste du Prix juridique et fiscal Allen &Overy 2014 pour ses recherches sur les paradis fiscaux. Proche du monde judiciaire, il a participé à l’élaboration du volet justice du dernier programme présidentiel.Il travaille et publie en quatre langues : l’anglais, l’espagnol,l’italien et le français. Passionné d’art, il est aussi porteur de projets engagés.

LES DOMAINES D’EXPERTISE

Farge Associés intervient principalement en contentieux et droit pénal des affaires. Le cabinet développe aussi une pratique en fiscalité et fiscalité internationale, notamment en conseillant les entreprises et leurs dirigeants dans leurs phases de développement. Il plaide de manière régulière devant les juridictions correctionnelles et criminelles. Sensible à la création, le cabinet intervient aussi en droit du marché de l’art.