BFM Story 20 février 2024
Un homme, âgé de 72 ans, a attendu son ex-femme, dont il avait divorcé en 2016, sur le parvis du tribunal judiciaire de Montpellier et l’a tuée par balles, ce mardi 20 février. Il a ensuite retourné l’arme contre lui.
Maître Pierre Farge, avocat et président de « Avocat Stop Féminicide », est intervenu sur le plateau de BFM TV avec :
- Vincent Vantighem, grand reporter, police-justice BFMTV.
- Violaine Filippis, avocate, porte-parole d’Osez le Féminisme!
- Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère EELV de Paris, militante féministe.
Source : Replay sur le site de BFM TV
EXTRAITS
BFM TV (05:06)
Pierre Farge, vous avez créé Avocat Stop Féminicide, c’est un collectif d’avocats, c’est ça ?
Maître Pierre Farge (05:12)
C’est un collectif d’avocats qui a été créé au lendemain du Grenelle contre les violences faites aux femmes, qui a trois missions principales. La première, c’est d’orienter et de conseiller les conjoints victimes de violences pour les aider à déposer plainte, puis ensuite de les accompagner dans les procédures pénales et civiles, parfois malheureusement, accompagner les familles de victimes puisqu’elles sont plus là pour voir leurs préjudices réparés. Et puis, fort de ces expériences de terrain, essayer de faire du lobbying auprès des pouvoirs publics pour qu’il y ait des mesures concrètes, utiles, pour protéger les victimes de violences.
BFM TV (05:44)
Dans cette histoire, ce qui interroge, ce sont les délais. On a un couple qui est divorcé depuis 2016, mais qui se retrouve huit ans après devant les affaires familiales. La rencontre n’a pas eu lieu puisque malheureusement, le drame est arrivé avant, mais devant le juge des affaires familiales pour régler des problèmes de liquidation d’intérêt patrimoniaux. Comment expliquer ce délai ?
Maître Pierre Farge (06:08)
Déjà, malheureusement, les délais d’audiencement judiciaire ne visent pas que des procédures en divorce ou de liquidation partage. Ils sont très importants devant de très nombreuses juridictions en France. Et là, en l’occurrence, une liquidation partage qui dure huit ans, c’est énorme, mais moi-même, à mon cabinet, j’en ai qui traînent depuis 15 ans ou même le double. Donc c’est évidemment trop long, mais c’est plutôt une question de politique judiciaire générale de raccourcir les délais d’audiencement judiciaire.
Maintenant, pour rebondir ce que disait à l’instant ma consœur sur essayer de prévenir plus à la source les risques de violences, moi, j’ai plutôt le sentiment que là, on est dans un cas qui est totalement isolé. On ne peut pas prendre une mesure de protection. C’était un contentieux qui était purement civil. Les délais d’audiencement sont déjà très importants. Il ne serait pas sérieux, ni possible, de contribuer un peu plus à l’engorgement judiciaire, en engageant une procédure pénale de protection dans tous les divorces ou toutes les procédures de liquidation partage.
BFM TV [00:12:34.010]
Vous avez déjà été confronté à des actes de violences, peut-être pas aussi graves, dans les tribunaux ? Parce qu’effectivement, il peut tout se passer devant un tribunal.
Maître Pierre Farge [00:12:44.320]
Personnellement, la violence dans l’enceinte judiciaire, oui, on y assiste tous les jours, c’est des drames humains. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que ce drame aujourd’hui qui a concerné tous ses confrères, tous ses auxiliaires de justice à Montpellier, que la justice fasse son travail et que ça ne se reproduise pas. Maintenant, la violence au sein des tribunaux judiciaires, surtout pénaux, c’est malheureusement le quotidien, elle est quotidienne, oui, pour tout le monde, pour tout le personnel judiciaire qui concourt à l’œuvre de justice
Maître Pierre Farge [00:14:50.460]
Il y a un vrai travail de sensibilisation et de formation des officiers de police judiciaire, de ceux qui reçoivent les plaintes sur le terrain dans les commissariats… Il a été fait plus en 5 ans qu’en 50 ans. (…) Il faut accroître ce travail. Insister sur cette tendance. (…) Ça n’est que le début.