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René Girard : « Je serais curieux d’avoir votre âge… »

René Girard : « Je serais curieux d’avoir votre âge… »

Immortel, René Girard est né le jour de Noël, il y a exactement cent ans, le 25 décembre 1923. L’occasion de revenir sur cet entretien réalisé sur le campus de Stanford en septembre 2008, traduit en anglais en 2017. Son travail place la culture au cœur de l’émergence de la violence. Une réflexion universelle sur la brutalité, le sacré, la civilisation et la hiérarchie des humanités.

Pierre Farge

Exclusif : un entretien inédit avec René Girard (1923-2015) réalisé en 2008 à l’Université de Stanford.

Article de Maître Pierre Farge publié dans Contrepoints le 11 novembre 2015 pour la version française

English version : « I would be curious to have your age…”, René Girard, published in The Philosophical Journal of Conflict and Violence, Issue n°2, 2017
Honoré de rejoindre cette revue de référence, le Philosophical Journal of Conflict and Violence (PJCV). Merci à Andrea Wilmes pour la qualité de cette traduction.

Immense penseur français, René Girard s’est éteint mercredi 4 novembre 2015 à Stanford¹. C’est sur ce même campus qu’il recevait Pierre Farge pour un entretien inédit en 2008². Alors étudiant aux États-Unis, Pierre Farge a pris des notes, à titre personnel, pour revivre ce moment des années après. Aujourd’hui avocat, impliqué dans le monde de l’art et de la culture, il réalise l’originalité posthume de leur contenu.

Abordant les grandes lignes de l’œuvre de l’immortel, parmi les plus importantes du XXème siècle, l’actualité américaine du début de la crise financière, et sa confiance en l’avenir, cet entretien transmet ainsi aux générations futures le flambeau de l’engagement d’une vie.

Pierre Farge : Vous vous définissez volontiers comme un « apocalyptique » : « comprendre le monde c’est comprendre la menace, l’atmosphère apocalyptique » dites-vous. Mais l’Apocalypse pour un chrétien c’est autre chose, c’est l’accomplissement de la Bonne Nouvelle, la Révélation, l’avènement du royaume de Dieu. Vous devriez donc être content de faire partie du monde dans lequel vous êtes ?

René Girard : Vous avez raison. Ce texte est bien plus contemporain qu’on ne le croit. L’atmosphère est de plus en plus apocalyptique : la mondialisation fait triompher le désir mimétique, source de rivalité, de chaos et de conflit, donc de violence.

Pourriez-vous expliciter ?

Tout d’abord la violence gagne parce que la technologie, qui fut le monopole de l’Occident, se répand, selon le mécanisme du désir mimétique. Chacun veut la même chose que son voisin.

On assiste à une prolifération nucléaire, comme je dis, une montée aux extrêmes. Les pays veulent se doter de l’arme nucléaire, non pas pour la dissuasion comme pendant Guerre Froide mais pour s’en servir vraiment. La bipolarisation de l’époque n’est plus installée pour durer de façon permanente. C’est ce que j’appelle la rivalité mimétique à l’échelle planétaire.

Un autre exemple de l’atmosphère apocalyptique est celui 11 septembre : pour la première fois, les hommes utilisent la technologie contre eux.

Ces exemples sont bien la preuve que l’Homme a pour la première fois dans l’histoire de l’humanité la possibilité d’autodestruction, d’Apocalypse, n’est-ce pas ?

… Mais après tout, Jésus ne disait-il pas : « frappez et l’on vous ouvrira » ?

C’est une façon de voir.

Vous avez décrypté les mécanismes fondateurs de la violence, comment expliquer cette montée accélérée aux extrêmes depuis le XXème siècle ?

Par la mondialisation, qui accentue le désir mimétique ; et le déclin de christianisme, qui l’accentue encore plus.

Le désir mimétique, est dénoncé à plusieurs reprises dans la Bible. La Genèse est une suite d’exemples :

L’histoire d’Adam et Eve avec la pomme est une chaîne mimétique évidente.De même, l’envie dans le meurtre d’Abel et Caïn est fondateur car, immédiatement après, la loi contre le meurtre est créée : « celui qui tue sera vengé sept fois ». Cette loi représente la fondation de la culture, la peine capitale, le meurtre originel se répète : tout le monde y prend part et personne n’est responsable.
Enfin, le dernier commandement du Décalogue : « tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, la femme de ton prochain, ni sa servante, son bœuf, son âne… » Le commandement énumère tous les objets qu’on ne doit pas désirer, mais s’arrête car il est impossible de tout énumérer. Pour ne rien omettre, il suffit de nommer le dénominateur commun : le prochain.
Dès lors, le désir mimétique est interdit. Jésus nous recommande de l’imiter lui, plutôt que le prochain pour éviter les rivalités mimétiques, unique source de violence.
Parallèlement à cela, le déclin du religieux favorise la violence. Je l’ai dit, les rapports humains sont nécessairement concurrentiels. Dès lors, seule la religion fait tenir le coup à la société par ses moyens sacrificiels, elle apaise.

Toute religion est en effet fondée sur un bouc émissaire. Les religions archaïques, les guerres aztèques par exemple, étaient menées pour faire des prisonniers et disposaient de victimes sacrificielles. Elles étaient donc très directement liées au religieux mais pas comprises par le groupe. C’est le Christianisme qui va dénoncer pour la première fois ce mécanisme car avant « Jésus bouc émissaire consentant » (victime innocente qui accepte d’être sacrifiée), la guerre est indispensable au maintien de relations stables au sein de la société.

Le bouc émissaire est sacralisé car il a réconcilié la société mais ne fonctionne que si l’on ne le comprend pas, que s’il n’est pas théorisé comme il l’est aujourd’hui. Le christianisme est donc à la fois tout et son contraire.

Donc pour vous, la Bonne Nouvelle, pour sortir de cette escalade vers l’abîme, c’est qu’il nous suffit de revenir au message de la Bible, qui nous propose de choisir entre le Désir, qui ne mène nulle part sauf à la violence, et l’Amour. Selon vous, seul un Dieu peut sauver. Et pour cela, c’est d’une simplicité biblique, il suffit d’y croire. Mais que conseiller à ceux qui ont perdu la foi ? Y a-t-il une autre alternative ?

C’est compliqué, n’est-ce pas ?

Je ne pourrais pas vous répondre. C’est par mon travail que je suis arrivé à la Vérité du Christianisme ; par l’opposition fondamentale entre les textes bibliques, le Christ qui dénonce pour la première fois le mécanisme du bouc émissaire, l’origine sacrificielle du monde, et les mythes qui l’entérinent. C’est une conversion plus intellectuelle que spirituelle.

La dernière phrase d’Achever Clausewitz sonne comme votre devise : « Il faut réveiller les consciences endormies », écrivez-vous. « Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. » Que répondre à vos détracteurs qui vous reprochent une absence totale de preuve dans votre raisonnement, d’aucune référence scientifique ?

La Vérité du texte biblique n’est pas une question de référentialité / non référentialité. La Bible n’a pas besoin d’être référentielle pour être vraie. Elle est vraie dans la mesure où elle est la négation des mythes qui sont, au contraire, mensonges ; puisqu’ils entérinent toujours, je l’ai dit, le mécanisme du bouc émissaire, la violence.

La Vérité de la Bible s’illustre dans l’histoire de Joseph qui va contre cet esprit mythique source de mensonge et de trahison. Ce dernier est toujours sauvé et jamais mis à mort. Voyez notamment le thème du pardon accordé à ceux qui ont désigné un bouc émissaire. Voyez aussi que le Christ est une victime consentante. Cela illustre bien la fin de l’ordre sacrificielle, la dénonciation du système émissaire.

C’est la clef de voûte de votre raisonnement ?

J’ai consacré ma carrière au rapport entre la violence et le sacré et j’espère avoir transformé le religieux archaïque en une énigme déchiffrable.

Quant au religieux biblique, le Christianisme opère une révolution unique dans l’histoire universelle de l’humanité. En supprimant le rôle du bouc émissaire, en sauvant les lapidés, en proclamant la valeur de l’innocence et du pardon, la foi chrétienne prive brusquement les sociétés antiques de leurs victimes sacrificielles habituelles. On n’évacue plus le mal en se jetant sur un coupable désigné dont la mort ne procure qu’une fausse paix. Au contraire, on prend le parti de la victime en refusant la vengeance, en acceptant le pardon des offenses. Ce qui suppose que chacun surveille l’autre par rapport à des principes fondamentaux, et que chacun se surveille lui-même. Pourtant, dans un premier temps, c’est un grand désordre.

Revenons à votre dernier livre. Selon Clausewitz « la guerre n’est qu’un prolongement de la politique par d’autres moyens ». Aujourd’hui la guerre n’a plus la même signification qu’au temps du militaire prussien : le terrorisme est né depuis le 11 septembre dont vous parliez tout à l’heure. Ses idées ne sont donc pas dépassées ?

Effectivement, le World Trade Center marque un changement d’époque.

Nous sommes passés de l’ère des guerres internationales à l’ère du terrorisme. Les premières étant décidées, et d’une certaine façon contrôlées, par le politique, la seconde échappant totalement à la politique. D’où cette montée aux extrêmes inévitable. On assiste impuissants à l’explosion de la violence par le terrorisme.

Pour en revenir au mimétisme, les kamikazes du 11 septembre, par leur efficacité, leur connaissance des États-Unis, leurs conditions d’entraînement, étaient un peu américains…

Pour résumer, sans Christianisme c’est l’Apocalypse puisqu’il n’y a plus la possibilité de recours à la béquille sacrificielle ?

Le principe apocalyptique est exactement cela. Dès qu’il y a non possibilité du moindre recours, il y a violence. Un chrétien qui vit sa religion sent cela. Donc, même s’il se trompe, il considère toujours la fin toute proche, et l’expérience devient apocalyptique.

Êtes-vous au courant de ce qu’il se passe au Congrès ces derniers jours : les républicains refusent d’accorder à Henry Paulson le plan de sauvetage des banques en rachetant jusqu’à 700 milliards de dollars d’actifs toxiques américains³. Si cela n’est pas Apocalyptique…

Vous avez dit que vous aimeriez bien être jeune aujourd’hui, quel est le conseil que vous me donneriez ?

Je serais curieux d’avoir votre âge et d’avoir cette conscience de l’avenir. Vous avez de la chance, n’est-ce pas ?

Par Pierre Farge.

 

(1) Stanford, lundi 29 septembre 2008, Stanford: Tresidder Memorial Union Restaurant, Faculty Club.
(2) Avocat, Doctorant en droit fiscal international en France et en Suisse : « Les paradis fiscaux à l’épreuve du projet BEPS ». Vos commentaires sont les bienvenus : pierre@farge.fr
(3) Très critiqué, ce plan consistera finalement en une prise de participation dans le capital des institutions financières les plus fragiles, augmentant ainsi leurs liquidités.

 

Crédit photo : LINDA CICERO/STANFORD NEWS SERVICE

Contributions à la Revue littéraire du Barreau de Paris

Contributions à la Revue littéraire du Barreau de Paris

Pierre Farge contribue depuis 2018 à la Revue Littéraire du Barreau de Paris.

1. Revue littéraire du Barreau de Paris n°4

Présenté au Salon du livre du 14 novembre 2018, la 4e édition de la Revue Littéraire du Barreau publie un extrait du premier roman de Pierre Farge, intitulé Mastro.

Disponible sur Amazon :

Editeur : Maison de Culture de la Commission du Barreau de Paris

Édition : n° 4 2018-2019  (8 avril 2019)

Voici la quatrième livraison de la Revue littéraire du Barreau de Paris, avec l’automne, saison traditionnelle de rentrée des avocats, et maintenant saison de rentrée littéraire de nombre d’entre eux, de nombre d’entre nous.

Plus de cinquante auteurs cette année, des écrivains, des philosophes, des chanteurs, des dessinateurs, qui quittent leur cabinet et s’adressent aux amoureux des arts, aux thuriféraires de la littérature, destinataires de destins imaginés au-delà des prétoires, conçus pour vivre libres dans un monde de rimes et d’harmonie, de souffle enhardi par le vent des poètes qu’aucune réalité n’altère.

Bienvenue à la vérité livrée nue, intime, sans recul, sans intermédiaire, la vérité ouverte et vaste comme le monde: celle des mots délicats ou bien rudes des avocats amis des lettres.

Auteurs et contributeurs

François GIBAULT, Tancrède LEHMAN, Mathieu SIMONET, Jacques BOUYSSOU, Antoine VAN RIE, Vincent OLLIVIER, Richard SÉDILLOT, Pierre PÉROT, Michèle LESAGE-CATEL, Muriel LAROQUE, Olivier COUSI, Candice MÉRIC, Carbon DE SÈZE, Marcel ALALOF, Florence ROUAS, Jérôme MALZARD, Philippe SAUTIER, Farida DEKHLI, Georges TEBOUL, Alain WEBER, Isabelle BARON, Jean-François BOUCLY, Charles CONSIGNY, Aurélie GILLET-MARTA, Étienne LESAGE, Pierre FARGE, Étienne TARRIDE, Lucie BROCARD, Jacques-André LEDAN, Lauranne MIGNERAT, D. MARKO, Christophe THÉVENET, Jean-Yves MARTY, Emmanuel DAMON, Marcel AZENCOT, Jean-François SAMPIERI-MARCEAU, Josette MINORET-GIBERT, Marie-Christine LONGY, Hanna REES, Patrick VILBERT, Julia BOMBARDIER, Souz CHIRAZI, Sylvie ETIENT, Alain FRAITAG, Véronique TUFFAL-NERSON, Jean-Emmanuel SKOVRON, Paul LIGNIÈRES, Arnaud MAILHOS, Olivier ROQUAIN, Ammar KOROGHLI, Michel LAVIOLETTE-SLANKA, Franck AIDAN, Jean-Yves DUPEUX, Basile ADER, Christian CHARRIÈRES-BOURNAZEL, Emmanuel PIERRAT, François GIBAULT, Etienne LESAGE, Pierre FARGE.

Parution signalée dans le M@G DES AVOCATS n°38 page 52

MASTRO par Pierre FargeLa Revue littéraire du barreau de Paris signe son 4ème numéro sous l’impulsion de l’inépuisable François GIBAULT. Présenté au Salon du livre du 14 novembre 2018, et habituellement composé d’extraits de récit, de poésie, ou encore de journal et de nouvelle, il fait l’entrée remarquée d’un extrait du premier roman de Pierre Farge, intitulé Mastro.

A dix-sept ans, au nom des Etats pontificaux, Mastro Titta tranche sa première tête ; à quatre-vingt-cinq, sa cinq cent seizième, c’est la dernière, faisant de lui le plus grand bourreau de l’Histoire employé par le Vatican. Sa vie approche le siècle. Il la quitte en laissant un petit carnet aujourd’hui bien gardé aux Archives Secrètes du Saint-Siège.
Voilà l’histoire dont s’inspire notre Confrère Pierre Farge dans ce roman très documenté. Après plusieurs années à servir de plume, à des personnalités politiques ou people, en parallèle de son activité d’avocat, il fouille ici la riche matière des archives papales. Avec une certaine façon détachée, et parfois drôle, de prendre la vie, il reconstruit le pouvoir pontifical, retrouve le passé, et dans ce décor de théâtre pose de grandes questions existentielles sur la foi, le pouvoir, la tradition et la religion.
Notre héros dans ce rôle-titre croise Byron et Géricault, de même que l’amour d’une princesse espagnole, une campagne présidentielle, et quelques autres dossiers controversés qui animent un narrateur, comme par hasard, aussi avocat au Barreau de Paris.
Un roman donc aussi initiatique, témoin d’une jeunesse perdue, en tout cas inquiète, à qui la réussite ne suffit plus.
Génération en quête de sens, autopsie du système judiciaire, secret politique, trésor d’écriture, Pierre Farge rappelle finalement dans ce rôle-titre qu’en littérature, les résumés ne valent rien.

Jacqueline Socquet-Clerc Lafont

La Revue littéraire du barreau de Paris, 4ème édition, octobre 2018
Salon du livre du Barreau de Paris, à partir du 14 novembre 2018

M@G DES AVOCATS n°38 au complet (pdf)

2. Revue Littéraire du Barreau de Paris n°5

Voir la revue sur le site LGDJ

3. Revue Littéraire du Barreau de Paris n°6

Acheter la revue sur le site LGDJ

N° 6: https://www.lgdj.fr/revue-litteraire-du-barreau-de-paris-n-6-9782999996656.html

Pierre Farge lauréat du concours photo du CNB

Pierre Farge lauréat du concours photo du CNB

Le 15 novembre 2019 se déroule le vernissage de l’exposition du Concours Photo « C’est N&B ! » du Conseil national des barreaux (*), dont Pierre Farge est un des lauréats pour l’autoportrait noir et blanc ci dessous.

Un total de 35 photographies lauréates a été sélectionné par le Jury présidé par la célèbre photographe portraitiste Bettina Rheims en avril 2019 (remise des prix en photo ci dessus).

Après avoir été dévoilées lors des États généraux de l’Avenir de la profession d’avocat le 27 juin, à la Maison de la Mutualité sur les murs du forum, ces photos encadrées forment l’exposition inaugurée le 15 novembre le long des étages du Conseil national des barreaux.

Photo Pierre Farge lauréat Concours Photo CNB

Le Désespéré, Hommage à Karl Lagerfeld, Rome, 2019

Gustave Courbet dénonçait l’odeur des ministères, le moisi des commandes et renonçait, dans une lettre restée fameuse, à sa décoration remise par un
Président de la République, peu importe lequel. Il a traversé les grands courants, et marque encore nos contemporains, comme autant d’écho à la
liberté de ton et d’indépendance de l’avocat.
Ce selfie, comme on l’appelle, fait écho à l’auto-portrait de Courbet.
D’abord pris sans but particulier sur une terrasse romaine, dans l’expression instantanée du moment, et unique des couleurs de la ville, l’expression de
surprise, ou de peur, en tout cas de désespoir, a pris tout son sens à l’annonce de la mort de Karl Lagerfeld dans l’heure qui a suivi.
Icône mondiale d’une maison elle-même symbole d’un savoir-faire français exceptionnel, il a bien voulu m’habiller les dernières années de sa vie, et je
porte son travail sur cette photo du 19 février 2019, comme un hommage, et maintenant comme souvenir d’une page qui s’est tournée.

Pierre Farge

 

* Concours Photo « C’est N&B ! » du Conseil national des barreaux

Crédit photo de la remise des prix : CNB.

Exposition Migrations de Pierre Ruffo

Exposition Migrations de Pierre Ruffo

Texte publié par Pierre Farge à l’occasion de l’exposition MIGRATIONS de Pierre Ruffo organisée en 2017 par la Galerie italienne.

Que peut-on ajouter au débat plus que millénaire sur  l’immigration ? Que dire de l’augmentation habituelle du flux de migrants au retour du printemps ? Que choisir dans ce concert de politique migratoire à la veille d’une élection présidentielle ? Que vient y faire l’art ?

C’est pour répondre à ces questions – ou, mieux, pour les poser – que la Galerie Italienne accueille la recherche de Pietro Ruffo rue du Louvre.

L’ŒUVRE DE PIETRO RUFFO

Après avoir découpé et épinglé dans ses œuvres des milliers de libellules ou de coléoptères prêts à s’envoler ; après avoir dessiné et produit à l’infini des crânes de gibier sur fond de cartes du monde ; Pietro Ruffo, souvent imité, jamais égalé, propose ici une nouvelle recherche autour du symbole de l’oiseau migrateur, à juste titre appelée « Migrations ».

« Migration », indique mon Littré : « Action de passer d’un pays  dans  un  autre,  en  parlant  d’un  peuple, d’une grande foule », et de poursuivre : « Voyages  périodiques  ou  irréguliers  que  font  certaines espèces d’animaux ».

Les migrations sont donc, par définition, humaines et animales.

Et c’est précisément ce qui ressort de la dernière recherche de Pietro Ruffo.

LA SÉRIE MIGRATIONS

Majeure par sa taille, cette série prend d’abord la forme des différentes façons de représenter le monde sur un planisphère. Projection Lambert (conique), projection Hassler (polyconique), projection Mollweide (ovale), projection polaire (ronde), projection cordiforme (en forme de cœur), ou rectangulaire telle qu’on l’utilise communément aujourd’hui, ces mappemondes revisitées de l’intérieur donnent le ton sur le message qu’elles renferment : tout est question de point de vue, car, dans le fond, c’est toujours la même chose dont il s’agit.

Majeure surtout par son message, cette série de cartes du monde, où aucune forme ne nous est imposée, cherche à créer un espace remettant en question toutes les distances que l’Europe, héritière de Rome, pose actuellement entre elle et le monde qui l’entoure, parmi lesquels figurent les migrants nord-africains, descendants d’Hannibal, et tous ces proche-orientaux, fils de la même Méditerranée, victimes des conflits en Afrique et au Proche-Orient.

En épinglant ces dizaines d’oiseaux sur plusieurs mètres de large, Pietro Ruffo épingle la responsabilité des États membres dans la gestion de la plus grande crise migratoire depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et commande, au retour du printemps, et son augmentation habituelle du flux de migrants, une réforme du règlement de Dublin à l’origine de la paralysie de millions de migrants sur un territoire non souhaité (cf ci-dessous).

Pierre angulaire du droit d’asile, le règlement de Dublin établit une base de donnée européenne des empreintes digitales recueillies dans tous les pays d’entrée des migrants afin de déterminer rapidement l’État membre responsable de la demande d’asile – le premier où le pied est posé. Dans les faits, il met une pression excessive sur un petit nombre de pays comme l’Italie ou la Grèce, incapables d’accueillir toute la misère du monde. Ces  pays n’observent alors pas strictement leur obligation de relevé d’empreintes et poussent ainsi les exilés vers les pays du nord de l’Europe offrant de réelles perspectives de reconstruction. Incitant les réfugiés à se tenir à distance de toute autorité, le règlement de Dublin  va ainsi contre l’intérêt  des exilés, contre l’ordre et la santé publique.

A la fois poétique et politique, cette série exceptionnelle porte donc un message aussi artistique que juridique entre la France et l’Italie.

Vous pouvez voir les œuvres sur le site de l’artiste

LA FRANCE ET L’ITALIE : L’ART ET LE DROIT

Singulière rencontre en effet d’un artiste italien avec un avocat français, tous deux engagés dans la même cause.

De la Jungle de Calais à l’île de Lampedusa, du Nord de la France au Sud de l’Italie, de la Manche   à la Méditerranée, je retrouve dans ce papier millimétré bleu ce bassin où je jouais enfant. Je retrouve le drame migratoire dans les camps de réfugiés où je suis aujourd’hui. Je retrouve ces

« drôles d’oiseaux » Syriens, Libyens, Soudanais, Erythréens, Afghans, Kurdes d’Irak. Ces « drôles d’oiseaux » qui marchent, nagent, courent, dansent, mangent, boivent, se cognent ou se noient dans ces déserts de terre et de mer. Cette terre et cette mer de Sicile où se déversent par millions des réfugiés échappés du désert de l’ISIS et de l’enfer de la guerre. Cette Sicile dont Pietro tire ses racines, et où plane aujourd’hui le souffle et l’esprit des milliers de vies dont la trace se perd dans l’histoire comme un mince filet d’eau dans l’immensité de la Méditerranée – cette immensité dont nous sommes nous-même qu’un fragment minuscule.

La vérité nous échappe. L’éternité nous fuit. C’est l’art, et l’art de Pietro, qui les remplace et qui rend immortel. Car son art me parle. Oui, cela me parle.

Comme la justice, il est un pont entre les cultures, les religions, les races. Comme la justice, il dénonce l’écrasement du faible pour dire la politique, la guerre, la faim. Comme la justice, il est un filet contre les gouffres de la mort, du temps qui court et de l’oubli. Comme la justice, il est le dernier ressort de la persuasion et de la démocratie.

Pierre Farge, Avocat à la Cour

MIGRATIONS à la  Galerie italienne, 15 rue Louvre à PARIS.

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Exposition Migrations : Pietro Ruffo parle des migrants à Paris

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Les dernières œuvres de l’artiste italien sur scène jusqu’au 30 juin 2017

Pietro Ruffo raconte l’histoire des migrants à Paris. C’est précisément à l’époque où la France se partage entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux candidats à l’Élysée, alignés sur deux visions opposées de la société, l’accueil et les frontières, que l’artiste romain rassemble une séquence spectaculaire d’œuvres consacrées au thème des migrations. « Le monde – explique Pietro Ruffo – est un théâtre dans lequel les phénomènes migratoires sont un défi pour notre société. Les bouleversements climatiques, les tensions politiques ou la recherche de meilleures conditions sont autant de facteurs qui illustrent un monde interconnecté qui triomphe des frontières géographiques et culturelles ».

Intitulée « L’Illusion parfaite », l’exposition installée dans les nouveaux espaces de la Galerie Italienne, à deux pas du Louvre et de la future Fondation Pinault, intervient un an après la première grande rétrospective de Pietro Ruffo à la Fondation Puglisi-Cosentino de Catane, sur le concept universel de liberté (ou principes libéraux), et en même temps que l’exposition de l’exposition « Jungle » à la Reggia di Venaria.

« Migrations » présente les dernières œuvres de l’un des noms les plus forts et les plus convaincants de la scène artistique italienne et européenne, connu, entre autres, pour ses grandes cartes des nations ou les légions de libellules sculptées à la main et arrêtées par des milliers d’épingles.

Évocatrice des céramiques chinoises ou des azulejos portugais bleu-blanc, la série présentée à Paris illustre des peuples anciens sur leur chemin à travers globes et planisphères, figures errantes entre un continent et un autre, exposées aux risques du voyage et à la peur que quelqu’un leur barre le chemin. Chaque pièce a sa propre forme tirée des techniques existantes de projection cartographique du globe terrestre.

Un mur entier est nécessaire pour « Italia a Pezzi » (2017), une œuvre de 250 x 325 m, en hommage aux drames et aux illusions de ceux qui quittent la rive sud de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe du Nord, comme l’a dit Pietro Germi dans l’un de ses films les plus importants, le « Chemin de l’espoir » (1950).

Pierre Farge écrit dans le texte accompagnant l’exposition : « Que pouvons-nous ajouter au débat millénaire sur l’immigration ? Que peut-on dire de l’augmentation habituelle des débits avec le retour du printemps ? Que choisir dans le concert des politiques migratoires à la veille du vote présidentiel ? Quel est le rapport avec l’art ? C’est pour répondre à ces questions, ou mieux encore pour y répondre, que la Galerie Italienne accueille les recherches de Pietro Ruffo« .

Organisée par Alessandro Pron, Raphaella Riboux et Matteo da Dalt, l’exposition « Migrations » est prévue jusqu’au 30 juin.

Entrée gratuite.

Paolo Levi

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Mostre: Pietro Ruffo racconta i migranti a Parigi

Gli ultimi lavori dell’artista italiano in scena fino al 30 giugno

Pietro Ruffo racconta l’epopea dei migranti a Parigi. Proprio nei giorni in cui la Francia si spacca nel ballottaggio tra Emmanuel Macron e Marine Le Pen, i due candidati all’Eliseo schierati su due opposte visioni di societa’, accoglienza e frontiere, l’artista romano riunisce una spettacolare sequenza di opere consacrata al tema delle migrazioni. « Il mondo – spiega Pietro Ruffo – è un teatro in cui i fenomeni migratori sono una sfida per la nostra societa’. Gli stravolgimenti climatici, le tensioni politiche o la ricerca di condizioni migliori altrettanti fattori che illustrano in realtà un mondo interconnesso che trionfa sui confini geografici e culturali ».

Intitolata ‘L’Illusion parfaite’, l’Illusione perfetta – la mostra allestita nei nuovi spazi della Galerie Italienne, a due passi dal Louvre e dalla futura Fondazione Pinault, giunge a un anno dalla prima grande retrospettiva di Pietro Ruffo alla Fondazione Puglisi-Cosentino di Catania, sul concetto universale di liberta’ (o dei principi liberali), e in contemporanea con l’allestimento per la rassegna ‘Jungle’ alla Reggia di Venaria. ‘Migrations’ presenta gli ultimi lavori di una delle firme piu’ forti e convincenti del panorama artistico italiano ed europeo, noto, tra l’altro, per le sue grandi mappe delle nazioni o le schiere di libellule intagliate a mano e fermate con migliaia di spilli.

Evocativa delle ceramiche cinesi o degli azulejos bianco-blu portoghesi, la serie presentata a Parigi illustra antichi popoli in cammino attraverso mappamondi e planisferi, figure erranti tra un continente e l’altro, esposti ai rischi del viaggio e al timore che qualcuno sbarrera’ loro la strada. Ogni pezzo ha una propria forma tratta da tecniche esistenti per la proiezione cartografica del globo terrestre.

Necessaria un’intera parete per ‘Italia a Pezzi’ (2017), opera di 250 x 325 m, in omaggio ai drammi e alle illusioni di chi abbandona la sponda sud del Mediterraneo per raggiungere il nord-Europa, come gia’ racconto’ Pietro Germi, in uno dei suoi film piu’ importanti, il ‘Cammino della speranza’ (1950).

Scrive Pierre Farge nel testo a corredo dell’esposizione: « Che possiamo aggiungere al dibattito ultramillenario sull’immigrazione? Che dire dell’aumento ormai abituale dei flussi col ritorno della primavera? Cosa scegliere nel concerto di politiche migratorie alla vigilia del voto presidenziale? Cosa c’entra l’arte in tutto questo? E’ per rispondere a queste domande, o ancora meglio per porsele, che la Galerie Italienne accoglie la ricerca di Pietro Ruffo ». Curata da Alessandro Pron, Raphaella Riboux, e Matteo da Dalt, la mostra ‘Migrations’ e’ in programma fino al 30 giugno. Ingresso gratuito.

di Paolo Levi  RIPRODUZIONE RISERVATA © Copyright ANSA

Hommage à Michel Déon : Je ne veux jamais l’oublier

Hommage à Michel Déon : Je ne veux jamais l’oublier

« Si nous comptons les occasions perdues, la vie semble n’avoir été que cela » disait Aline Giono, regrettant à l’époque de n’avoir jamais osé frapper à la porte de Michel Déon.
Elle le fera finalement.
Moi pas.
C’est sans doute mon plus grand regret.

Michel Déon, de l’autobiographie par petites touches

Le Midi qui se dore au soleil, la Méditerranée, les îles grecques, les archipels siciliens, les terrasses des Cyclades et les siestes de Toscane ; les pins, les lacs de montagne, les vacances éternelles, les voyages éperdus… Michel Déon m’a appris à jouer, à vivre, à aimer, et m’a donné envie d’écrire.

Il m’a convaincu à vingt ans qu’un univers romanesque discrètement autobiographique, léger, impertinent, patient, pudique et apolitique pouvait prendre le dessus sur l’existence comme il faut, les clients, les conférences, les cours à préparer, et la peur de n’arriver que le deuxième.

Il m’a convaincu de ce sentiment qui vous donne un peu moins peur de mourir chaque jour et d’être oublié (je crois comme un enfant à l’immortalité des livres). Il m’a convaincu de l’art du roman, de la possibilité de supporter la réalité en la modifiant, en l’imaginant.

Michel Déon en exil

Il y a aussi bien sûr l’exil. Cet état si stimulant pour les créateurs. Cet état d’âme itinérante, d’être en fuite, s’éloignant de son pays pour se réfugier dans l’écriture et trouver l’inspiration. En Suisse (Je me suis beaucoup promené), en Italie (Je ne veux jamais l’oublier, Les Trompeuses Espérances, Je vous écris d’Italie) puis aux États-Unis (La Cour des grands) et au Canada (Bagages pour Vancouver).

Mais aussi au Portugal (Un parfum de Jasmin), dans le Tessin, puis l’île de Spetses en Grèce (Pages grecquesLe Balcon de Spetsai, Le Rendez-vous de Patmos et Spetsai revisité), et enfin le comté irlandais de Galway (Les Poneys sauvage, Un taxi mauve).

De ces romans les plus remarqués, l’ensemble de l’œuvre compte plus de quarante livres. Quarante !

Une œuvre dont je ne sais finalement si je dois admirer le plus l’intelligence, l’intemporalité ou la cohérence. Une cohérence énorme en plus de son savoir et ses qualités d’écrivain.

Une cohérence que je comprends d’autant mieux en relisant Un déjeuner de soleil, dont Michel Déon lui-même disait qu’il était la clef de toute son œuvre.

 

Pierre Farge
Avocat à la Cour
www.pierrefarge.com

Hommage publié initialement dans Contrepoints.

Hommage à Michel Déon

Terzieff chez Pivot

Terzieff chez Pivot

J’ai retrouvé ce soir au hasard des algorithmes Google, cet éloge au théâtre bouleversant de Rilke par Laurent Terzieff.

 

Source : Éloge au théâtre INA 1995

« Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers ».

Rainer Maria Rilke (1875-1926) – Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910), dit par Laurent Terzieff chez Bernard Pivot dans Apostrophes, 3 février 1995

 

Un assassin au Musée d’Art Moderne de Paris

Un assassin au Musée d’Art Moderne de Paris

A Paris pour un procès aux assises, je cherche sur mon iPhone les expositions en cours susceptibles de me changer les idées (du moins, je veux le croire).

Quelle n’est pas ma surprise à la fin de l’article du Monde, Les 15 grandes expos de la rentrée à Paris, Découvertes, redécouvertes ou grandes rétrospectives : les événements les plus attendus cet automne dans la capitale, en découvrant le post d’une certaine Chantal Laurent, abonnée du journal :
« Il est scandaleux que le MAM organise une rétrospective de Carl André, un assassin qui a tué en septembre 1985 sa femme, Ana Mendieta, artiste cubano-américaine, en la jetant par la fenêtre », Chantal Laurent 19/09/2016 – 17h25.

Au regard de la défense qui m’anime, je ne peux que réagir à ce grand fait divers.

1. D’abord, parce que, dans le meilleur des cas pour Chantal, Carl André n’aurait pas été un « assassin » mais un « meurtrier » : en imaginant qu’il poussait de la fenêtre la femme qu’il épousait huit mois plus tôt, un saut du 34èmeétage à la suite d’une dispute tenant au fait qu’il soit plus connu qu’elle ne caractérise pas le dessein mûri et réfléchi de tuer, et donc la préméditation nécessaire à la qualification de l’assassinat (plus grave dans son quantum que le meurtre).

2. Ensuite, parce que, précisément, en l’absence de preuves sur le fait que la malheureuse ait été poussée, Carl André a été acquitté.

3. Aussi, parce que beaucoup d’artistes s’intéressent à la mort, et que ce drame a conduit Carl André à la toucher plus qu’un autre, faisant de sa recherche un attrait supplémentaire.

4. Enfin, parce que l’artiste est la preuve que l’on peut se reconstruire après une tragédie, voire avec gloire et postérité.

Dans ces conditions, je ne vois pas le mal d’une rétrospective au Musée d’Art Moderne qui, en plus de sa qualité artistique, a la vertu de l’exemple.
…si l’ego fragile des artistes pousse parfois à des folies, leur fêlure laisse aussi passer la lumière.

Pierre Farge, avocat à la Cour

jusqu’au 12 février 2017, exposition Carl André au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris.